lundi 30 décembre 2013

le livre des histoires perdues - R. Jung

Encore un livre des éditions Alice dont je ne peux que souligner les qualités.
Qualités du format et de couverture, qualités de l'écriture ensuite. Ces éditions ont décidément le nez très fin lorsqu'il s'agit de présenter des ouvrages à la jeunesse.

" Bambert eut soudain l'impression que toutes les histoires qui se promenaient en totale liberté dans son cerveau étaient en réalité emprisonnées dans son "Livre des désirs". Pour qu'une histoire inventée prenne vie, il fallait qu'elle puisse courir le monde. Il fallait qu'elle trouve le décor de son choix : sa ville, son fleuve, son océan... Il fallait qu'elle prenne corps dans des êtres humains de chair et de sang. Et il fallait que ces personnages évoluent dans des paysages naturels et qu'ils vivent dans de vraies maisons. Ce fut cette nuit-là que Bambert décida de déchirer son "Livre des désirs" en plusieurs cahiers. Puis, il entreprit de lâcher par la lucarne de son grenier onze minuscules montgolfières lestées de ses histoires, en espérant qu'elles lui reviendraient nourries des lieux qu'elles auraient visités."
 
Bambert est un personnage attachant. Petit, mal fichu, cloitré à l'abri des hommes et de leur mépris, protégé par son locataire, un épicier, Bambert écrit pour vivre des aventures qui sont hors de sa portée.
L'idée d'envoyer ses histoires au gré du vent m'a plu.
Tout comme la solution imaginée par l'auteur pour faire revenir les histoires auprès de ce petit homme nostalgique.
Et chacune des histoires qui lui revient est un moment de poésie. Le tout illustré par de très beaux dessins signés Moran Barak.
 
Seul bémol, j'ai moins aimé la fin du récit.
Peut-être parce que je n'avais pas envie de voir s'achever cette balade hors des sentiers battus?

Premier chagrin - Eva Kavian

Sophie répond à une annonce pour du baby-sitting. Elle a envie de gagner de l'argent. Mais aussi que malgré sa petite taille, elle grandit. Qu'elle est capable de s'assumer et de gérer un travail à responsabilité.
Mais en se présentant pour la place, "Quelle surprise, lorsqu'elle découvre que c'est une grand-mère et non une jeune maman qui a posé l'annonce. A partir de ce moment, rien ne se passe comme prévu, et la vie de Sophie va en être bouleversée."
 
Voilà un livre émouvant et agréable. Plein de fraicheur. Sophie a 14 ans et a envie de prouver au monde entier de quoi elle est capable. Mais assumer la fin de vie d'une grand-mère en mal de sa famille, il y a de quoi en déstabiliser plus d'un.
Eva Kavian a su une fois de plus traiter d'un sujet délicat toute en finesse et en émotions. C'est facile à lire et pourtant grave comme propos.
L'auteur ne tombe jamais dans le pathos larmoyant. Et je l'en remercie :-)


jeudi 26 décembre 2013

Kinderzimmer de Valentine Goby

Je ne pouvais pas ne pas lire cet ouvrage dont j'ai entendu tant d'échos positifs, surtout étant donné la thématique liée à la seconde guerre mondiale.
 

C'est donc avec enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de ce livre que je pensais dévorer en quelques heures.
Et bien non, Valentine Goby a réussi à déjouer mes plans...
" En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout."
Je m'attendais à une lecture douloureuse et cela a été le cas mais pas tant par le choix du sujet ( enfin si mais cet aspect là est venu plus tardivement) mais par le choix stylistique de l'auteur. La première moitié du livre est une sorte de réminiscence des souvenirs de la narratrice sur base qu'une question qu'une élève lui pose : "Alors quand vous avez compris que vous alliez à Ravensbrück?". La narratrice se plonge alors dans son passé pour se rappeler du moment exact où elle a su et compris. elle entraîne alors le lecteur dans la confusion des premiers jours, dans la confusion de la faim et du doute.
Et cette confusion est partout présente dans la langue employée. Cette confusion colle aux démarches du lecteur pour suivre Mila dans ses questionnements, ses angoisses et ses inquiétudes.
Et cela ralentit considérablement la fluidité de ce mouvement pour suivre Mila. C'est difficile. C'est laborieux.
Mais il n'y a rien à faire, on est comme emprisonné dans ce camp avec ces femmes qui souffrent. Pas moyen de se dire "Tant pis, je laisse tomber" parce que laisser tomber, là-bas, c'est la mort, la fin de tout. Alors on poursuit. On s'accroche.
On attend, on guette une libération, une fin. quelque chose qui donnerait du sens à toute cette souffrance.
Et puis la délivrance de Mila arrive. Elle accouche. Et l'indicible prend alors une autre ampleur. Mila semble ajustée à ce qu'elle vit, les pièces du puzzle se rassemblent, l'écriture devient plus rapide, plus vive, le style plus incisif. Nous sommes entraînés dans quelque chose qui nous dépasse. Il n' y a plus de mot pour ressentir. Et pourtant Valentine Goby poursuit son récit, impitoyable.
Nous sommes condamnés à suivre Mila, accrochés dans ses pas. Jusqu'à la fin du livre, que nous n'avons finalement pas pu lâcher.
Je ressors de ce livre assommée. Etourdie. Ecœurée...
J'ai détesté cette histoire et pourtant je la conseille à tout le monde.
Lisez et vous saurez.
 
 
 

vendredi 13 décembre 2013

Terrienne de J-C Mourlevat


J'ai découvert Mourlevat avec "Combat d'Hiver" que j'avais beaucoup aimé. Amazon m'a permis de télécharger le premier chapitre de ce roman et j'ai trépigné d'impatience jusqu'à sa sortie en poche.

La 4ème de couverture annonce que " Tout commence sur une route de campagne... Après avoir reçu un message de sa sœur, disparue depuis un an, Anne se lance à sa recherche et passe... de "l'autre côté". Elle se retrouve dans un monde parallèle, un ailleurs dépourvu d'humanité, mais où elle rencontrera cependant des alliés inoubliables. Pour arracher sa sœur à ce monde terrifiant, Anne ira jusqu'au bout, au péril de sa vie. Elle se découvrira elle-même : Terrienne.
Vous ne respirerez plus jamais de la même manière."
 
J'aurais envie de reformuler en signalant que tout commence sur une petite route de campagne pour un écrivain en mal d'inspiration qui s'arrête pour prendre une jeune auto-stoppeuse car elle lui rappelle bien trop sa petite-fille pour qu'il se sente de la laisser sur le bas-côté, à la merci du premier malotru.
Il m'a plu tout de suite ce vieux bonhomme plein de doutes et de questions, qui souffre à chaque fois qu'il se rend chez son dentiste et qui prend le temps de s'arrêter pour cette jeune fille. J'ai bien aimé le dialogue qui s'instaure entre eux également.
J'ai beaucoup aimé aussi la manière tout en finesse dont l'auteur suscite le questionnement avec cette route de campagne et cette fille qui disparaît puis qui réapparait.
Malheureusement, la suite du livre a moins bien fonctionné. Peut-être me suis-je trop nourrie de la série "la 4ème dimension" mais je n'ai rien trouvé d'original à ce livre. Certes, les personnages sont attachants et il y a de l'émotion mais voilà, j'ai tellement aimé "Combat d'hiver" que j'en espérais davantage.
Je nuance toutefois mon propos grâce à la présence d'un personnage, non pas celui d'Etienne Virgil - l'écrivain dont le sort m'a frustrée horriblement - mais celui de Madame Stormiwell qui accueille l'héroïne lors de son premier passage de l'autre côté. Aucune fausse note de ce côté-là, le personnage est merveilleusement bien dépeint, est original et solide. Elle irradie littéralement dans sa différence et dans son attirance pour la "terriennitude"...
 
Rien que pour elle, le livre mérite qu'on lui réserve un bon accueil.
 
Un petit extrait pour se faire plaisir :
 
 
" Au spectacle de la matière gluante qui coulait sur les doigts de son élève, le lieutenant Geemader avait mis sa main devant sa bouche et il plissait les yeux.

— Bien, reprit-il une fois que tous les œufs furent cassés et battus dans le saladier. Veuillez maintenant apporter ce qui se trouve sur la deuxième étagère du réfrigérateur.

Un élève alla chercher le plat désigné et le déposa sur le plan de travail. Geemader recula d’un pas. Il avait légèrement pâli.

— Ces choses roses avec des bords un peu plus foncés sont des petits lardons. Ils ne sont pas produits par des animaux…

Chaque fois que le mot « animal » ou « animaux » passait les lèvres de Geemader, sa bouche se rétractait vivement et on imaginait ce qu’il devait penser à cette occasion : « Qu’est-ce qu’on m’oblige à dire, tout de même ! »
Il recula d’un pas encore, se retrouva dos au mur et, ne pouvant pas mettre davantage de distance entre les petits lardons et lui, il poursuivit :

— Non, ces choses ne proviennent pas des animaux, elles sont des animaux. Et pire, elles sont des morceaux d’animaux…

Pour aller jusqu’au bout de sa phrase, il dut contracter douloureusement son visage
de tortue :

— des morceaux d’animaux… morts.

Après cela, il lui fut plus facile d’évoquer la pâte brisée, l’emmental et le poivre muscade, mais, tandis que les élèves tranchaient, battaient, râpaient, mélangeaient et mettaient au four, il se tint aussi loin que possible de l’action.

— Bien, conclut-il quand les quiches furent enfournées, vous pouvez raccrocher vos tabliers et sortir. Nous reviendrons dans vingt minutes pour vérifier qu’elles sont bien cuites, et si c’est le cas, vous les emporterez à la cantine pour…

La fin de son épreuve arrivait et il puisa dans ce qui lui restait de courage pour prononcer cette dernière horreur :

— pour les manger."
 
 

Nymphéas noirs de Michel Bussi

Je suis gâtée! Pourquoi? Parce que j'aime Monet et que l'histoire se passe dans le charmant village de Giverny, chasse gardée du peintre impressionniste.
De plus, j'aime les intrigues bien ficelées et celle-ci l'est indéniablement : une narratrice épie les allées et venues de ses concitoyens depuis "le moulin de la sorcière". Elle rôde et raconte les crimes qui se perpètrent sans que la police y puisse rien changer.
Cela commence avec Jérôme, trois fois assassiné.
L'inspecteur cherche des mobiles, des suspects et ses pas le conduisent face à la jolie institutrice.
Secondé par son adjoint méticuleux, Laurenç Serenac soupçonne le mari. Mais quand on est attiré par sa femme, est-on encore capable de mener objectivement l'enquête?
Et puis, il y a cette carte d'anniversaire glissée dans la poche du mort et qui porte à croire qu'un enfant de 11 ans est en danger... Peut-être bien cette fillette au talent évident pour la peinture et qui cherche à tout prix à quitter ce village, cette prison.
«Trois femmes vivaient dans un village. La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. Elles possédaient pourtant un point commun, un secret en quelque sorte : toutes les trois rêvaient de fuir… »

J'ai adoré ce livre! De bout en bout. J'ai aimé la construction des personnages, j'ai aimé le mystère d'une enquête tarabiscotée dont on se demande à chaque page ce qu'elle nous réserve. J'ai adoré la vieille qui raconte le récit pour son humanité féroce et son cynisme. J'ai été touchée par l'amour que l'adjoint porte à sa femme. Et de l'amour, il en est beaucoup question dans ce roman.
Et puis, surtout, il y a la fin où tous les morceaux du puzzle se mettent en place et où l'auteur fait mouche pour mon plus grand bonheur. Saperlipopette : je me suis fait avoir!
Un livre que je conseille absolument ;-)

dimanche 24 novembre 2013

La garçonnière - Hélène Grémillon

Lu dans le cadre du challenge rentrée littéraire 2013 et grâce aux matchs de la rentrée organisés par PriceMinister [# MRL2013], "la garçonnière" d'Hélène Grémillon était ma première rencontre avec cette auteure dont je voulais faire la connaissance depuis son roman "Le confident" qui se trouve toujours dans ma wish list.
Le titre avait retenu mon attention parce que mon imagination s'était tout d'abord emballée sur cette expression aux parfums d'adultère et de tromperie. Ensuite, la quatrième de couverture m'a envoyée vers d'autres pistes. Celles de l'Argentine d'après dictature. " Ce roman est inspiré d'une histoire vraie. Les événements se déroulent en Argentine, à Buenos Aires. Nous sommes en août 1987, c'est l'hiver. Les saisons ne sont pas les mêmes partout. Les êtres humains, si."
Miam miam. Mon appétit est aiguisé. Pas vous?
Et puis viennent les premières pages. Le style, fluide, entraînant, rapide, vif, incisif. Un psychiatre est accusé du meurtre de sa femme. Et une de ses patientes va tenter de lui venir en aide en menant sa propre enquête parallèle à celle d'une police présentée comme injuste, radicale et fainéante.
Le récit est bien construit, les personnages sont intéressants. Je me laisse entraîner.
Je suis passionnée même par ces aspects d'une histoire que je ne connais que peu, celle d'une Argentine martyrisée, brimée sous le joug de la violence de la junte.
Les rebondissements de l'enquête me saisissent. je veux en savoir plus, je tourne les pages à un rythme effréné.
Du moins jusqu'à la page 231...
Car malheureusement, je n'ai pas adhéré à la présentation du personnage de Lisandra, la femme du psychiatre. Je m'en voudrais de gâcher la surprise pour ceux qui voudraient lire le livre après avoir lu mon article, aussi ne m'étendrais-je pas trop sur ce qui m'a refroidi mais Lisandra, même si je lui reconnais une épaisseur littéraire indéniable fait basculer le livre dans l'anecdotique. J'étais époustouflée par l'Histoire qui sous-tendait tout le roman et avec elle, je me suis retrouvée devant un drame humain, certes terrible, mais si loin de ce que j'attendais que je m'en suis retrouvée toute déçue.
Et pourtant, l'histoire est habilement menée jusqu'à son dénouement. Rien à reprocher de ce côté-là. tout tient la route et jusqu'à la fin je me suis intéressée au sort des protagonistes. Eva Maria, la patiente qui enquête, est bouleversante. Son fils Estéban bénéficie d'une sorte de grandeur tragique, d'une aura particulière.
Et ce que l'on découvre des pensées de Lisandra est cruel, jusqu'au dernier mot.
Je reste pourtant frustrée par ce basculement de l'Histoire à l'histoire. Je m'attendais à un récit qui dépasse les réalités individuelles pour montrer un destin supérieur qui  unit parfois les êtres dans l'injustice et le malheur.
Ne vous méprenez pas, "La garçonnière" est un très bon roman.
Mais à ranger dans la catégorie "polar" plutôt qu'historique. Une confusion qui pourrait en décourager plus d'un en cours de route...
 

vendredi 15 novembre 2013

La garçonnière - Hélène Grémillon







Me voilà plongée dans ce roman de Grémillon grâce aux matchs organisés par Priceminister.
J'ai presque terminé alors je reviens vous en parler très vite...

Dans le silence du vent - Louise Erdrich

Je peux enfin annoncer une lecture qui m'a plu du début à la fin dans ce challenge "rentrée littéraire 2013". Je ne parlerai peut-être pas de coup de cœur car je suis une lectrice difficile mais c'est un livre qui m'a vraiment séduite et qui mérite qu'on s'y attarde.

Joe a treize ans et vit dans une réserve. A travers sa voix, nous découvrons son univers faits de routine et de camaraderie, de fantasmes adolescents et de désirs inassouvis. Mais cette routine paisible se trouve bouleversée par un événement crapuleux : la mère du garçon se fait violer. Un viol particulièrement brutal qui laisse la maman dans un état physique d'abord, moral ensuite dévasté.
La voix de Joe s'élève alors pour comprendre l'impensable, cerner ce qui a eu lieu. Le gamin mène sa propre enquête, soutenus par ses amis Zack, Angus et surtout Cappy.
Et à travers cette enquête se révèle toute la complexité du statut indien aux Etats-Unis et du système pénal qui gouverne ce peuple malmené.
 
Ce qui marque le plus dans cette histoire, c'est l'écriture.
Une écriture simple et sans fioriture et pourtant puissante et poétique. Une écriture qui vous embarque l'air de rien et ne vous laisse pas en paix, vers laquelle le lecteur est obligé de revenir, presque malgré lui.
Louise Erdrich parvient à faire vivre son histoire dans la tête du lecteur, les images se mettent en route toutes seules et le film nous happe. Et pourtant, ce sont des images faites de petits riens du quotidien :
" Des petits arbres avaient attaqué les fondations de notre maison. Ce n'étaient que de jeunes plants piqués d'une ou deux feuilles raides et saines. Les tiges avaient tout de même réussi à s'insinuer dans de menues fissures parcourant les bardeaux bruns qui recouvraient les parpaings."
Ce sont les premières lignes du récit. Et chose impressionnante, toute la trame est posée là, entre nos mains, dans ces quelques mots.
Ces petits arbres métaphoriques que le narrateur s'échinent à ôter sont l'indice du drame qui va se jouer.
C'est là la grande force de l'auteur. Les images en apparence futiles recouvrent des réalités bien plus complexes.
 
Une autre force du roman réside dans la construction des personnages. Joe est un adolescent qui découvre la vie qui l'entoure avec ce mélange de naïveté, de candeur et de pessimisme propre aux gamins de son âge. Et ce regard encore si frais va se heurter au côté obscur de l'âme humaine. On le suit dans cette évolution, avec ses joies, ses peurs et ses colères. On doute avec lui. On veut savoir tout comme lui.
 
Seul bémol à cette impressionnante construction narrative, les détours parfois compliqués de l'enquête avec l'intervention de nombreux personnages animés chacun par des mobiles intimes. Au lecteur alors de plonger dans ces intimités et de suivre le mouvement ou au contraire, parfois ( c'est ce qui m'est arrivé), de se rebeller et de rechigner devant la besogne.
 
C'est le seul point que je reproche au livre.
 
Il n'en reste pas moins que l'écriture à elle seule mérite qu'on lise les 458 pages de cette histoire...
 
 
 
 

dimanche 3 novembre 2013

1% pour le challenge "rentrée littéraire 2013"

Cette fois ça y est : 6ème titre lu pour le challenge "rentrée littéraire 2013" avec un très beau roman que je peux classer comme étant mon préféré jusqu'à présent dans les titres retenus : "Dans le silence du vent" de Louise Erdrich.
 
Je reviens vous en parler ASAP :-)

lundi 30 septembre 2013

Le premier vrai mensonge - M. Mander

Ce que nous en disent Les Presses de la cité sur la quatrième page de couverture:

Confronté à un événement trop grand pour lui, un enfant se raccroche à son imagination.
 
Agé d'une dizaine d'années, Luca vit seul avec sa mère et son chat Blu. Lorsqu'un matin sa mère ne se réveille pas, le petit garçon, affolé à l'idée qu'on puisse l'envoyer dans un orphelinat, décide de taire sa mort et de continuer à mener une existence en apparence normale. C'est son premier vrai mensonge. L'histoire qu'il livre au monde extérieur est si bien ficelée qu'il finit par se convaincre qu'il n'est pas orphelin.

L'histoire de Luca était à la fois suffisamment tragique et inventive pour que le livre me fasse de l'œil. D'autant qu'a priori, il s'agissait d'un livre rapide et court : grands caractères, 199 pages aérées, des chapitres bien découpés.
La lecture sur Amazon des premières pages du roman m'a confortée dans cette première impression positive : l'auteur s'exprime avec beaucoup de maîtrise, le style est agréable.
 
Oui mais voilà, si Luca m'a fait sourire au départ, son long monologue intérieur a fini par me lasser. Car de contacts avec le monde extérieur, le petit garçon n'en a pratiquement pas. Le lecteur a droit à une ou deux crises d'angoisse lorsque le gamin doit trouver des excuses pour justifier l'absence de sa mère mais en fin de compte, il interagit rarement avec son entourage. Et cela rend le livre peu crédible. Un garçon de cet âge a une vie scolaire, des amis. Sa mère, bien qu'isolée, a une bonne amie mais qui s'en va justement en vacances au moment du drame, comme c'est commode pour ne plus avoir par la suite à répondre au téléphone!
Et donc de mensonges, il n'en est que très peu question. Quant à "l'histoire si bien ficelée", je n'en ai pas vu le bout du nez. Luca a peur d'être placé en orphelinat. Il tait le décès de sa mère. Et c'est tout.
Du coup, les 199 pages bien aérées deviennent bien trop longues pour ce qui aurait pu constituer une excellente nouvelle au contenu bref mais intense.
Parce qu'il y a dans tout ce fatras un potentiel énorme lorsque Luca s'aventure à nous montrer les difficultés réelles qu'il doit assumer : " Deux semaines ou presque ont passé. Et tout continue de façon automatique. A vrai dire j'ai des difficultés avec mes tee-shirts - je n'en ai plus -, avec mes chaussettes - je les ai déjà toutes mises - et avec mes slips que je ne peux plus changer chaque matin. Alors, je les retourne, comme ça, ils durent plus longtemps, sous mes vêtements, on ne voit pas s'ils sont propres ou sales."
Là, oui, j'accroche.
Ou encore plus loin, ce qui -malgré les reproches que j'adresse au livre - vaut sa lecture :
"Je pose la soucoupe par terre. La petite bougie éclaire la cérémonie dune lumière indécise et tremblotante comme si elle allait s'éteindre d'un moment à l'autre, moi aussi je suis indécis, j'hésite à tout laisser là ou à souffler à la place de maman qui n'a plus de souffle."
 
Luca est un petit garçon dont l'auteur a voulu faire un philosophe qui nous informe des difficultés des adultes. Et ce n'est que lorsqu'elle oublie cette "adultitude" que le roman fonctionne pour devenir ce qu'il aurait dû être en permanence : le cauchemar d'un bambin qui a perdu sa maman...
 
 

dimanche 22 septembre 2013

L'école de la mort - GULF stream

Belle rencontre que celle-ci, organisée par "délivrer des livres" grâce à un partenariat avec les éditions Gulf stream que je remercie vivement pour cette initiative.

L'école de la mort est un recueil de nouvelles ou de récits courts qui traitent de l'environnement scolaire ( en tous cas d'environnements d'apprentissage) et montrent les dangers qui guettent les élèves ou leurs enseignants.
Je m'attendais à lire des histoires assez basiques et j'ai donc été heureusement surprise en lisant ces textes très élaborés, denses et aux sujets relativement complexes.
J'ai beaucoup aimé aussi l'idée de placer ces histoires dans des époques différentes. Cela permet aux lecteurs de se faire une image plus précise des différentes approches pédagogiques. Nous passons ainsi du XVIIème siècle à l'antiquité égyptienne ou grecque, avec un détour par le XXème siècle en Russie et même un crochet par la préhistoire.
En tant qu'enseignante, cette idée ne pouvait que me séduire. Mais les auteurs qui ont participé à l'aventure de ce livre ont également réussi à me séduire par la qualité de leurs styles, par le choix des personnages et par la liberté qui nous est donnée de retirer de chaque texte une leçon, un questionnement.
Je souligne également le côté agréable de l'objet livre avec ses grands caractères et sa couverture attractive.
Et même si j'ai trouvé que tous les textes n'étaient pas aussi prenants, il n'en reste pas moins que j'ai passé un vrai bon moment de lecture avec deux mentions spéciales pour "Le maître des pierres" et " les fantômes de Saint-James" qui présentent l'un la naissance des sépultures et des offrandes funéraires et l'autre le traitement affligeant réservé aux indiens dans les établissements catholiques et dont voici un extrait :
 
" Sœur Charity ne savait ce qu'elle haïssait le plus quand une nouvelle fournée débarquait à la mission Saint-James : leurs braillements ou la morve qui leur coulait du nez. La première chose à faire avec ses furies, c'était les nettoyer pour les débarrasser des puces et de la vermine recouvrant leur corps; ensuite il fallait leur couper les cheveux, le plus court possible, pour éviter la propagation des poux et la persistance de leurs croyances barbares. Mais c'était la même chose, n'est-ce pas? "

vendredi 20 septembre 2013

Réseau(x) de Vincent Villeminot

Il en est des lectures comme des relations humaines : certaines sont parfois plus difficiles à établir. Avec "Réseau(x)", c'est exactement ce que j'ai vécu. Une entrée en matière délicate qui m'a presque poussée à refermer le livre sans aller plus loin. Et puis, allez savoir pourquoi, on se dit que c'est bête, on s'accroche et on finit emportée. Ou presque.
Que puis-je en dire? Pour l'histoire, je ne peux que m'incliner devant la présentation qu'en donne le site Ricochet:

"Sur le réseau social DKB, DreamKatcherBook, on ne parle que de Cèsar Diaz, alias Nada#1, vingt ans et millionnaire d'Internet. Il a inventé les PIFR, Play It For Real, événements sauvages qui donnent corps, dans différentes villes du monde, à des épisodes connus de jeux vidéo. Cèsar nargue la police, faisant passer ses ordres à son équipe et ses fans par le biais de la partie nocturne de DKB, soit MDP, MyDarkPlaces, un lieu où l'on raconte ses rêves et ses cauchemars sous forme de textes, de vidéos... Nous suivons tout un ensemble de personnages liés au DKB, au départ pour des raisons différentes. Parmi eux la jeune Sixtine, [...], Maud, active participante à des grèves étudiantes, la commissaire Alice Kowacks de la brigade numérique chargée de surveiller le PIFR, et bien sûr Nada#1 lui-même [...]"
 
Un résumé qui, rendons à Cèsar ce qui appartient à Cèsar, reflète extrêmement bien la complexité qui attend le lecteur.
En effet, Vincent Villeminot a choisi de nous faire rencontrer ses personnages en nous plongeant dès les premières pages dans l'univers du réseau social DKB et ce, à travers les messages qu'ils postent à intervalles réguliers.
Ainsi faisons-nous connaissance avec Sixtine :
" 1. Rêve de Sixie. 9.30 a.m.

[ émis sur la page DKB/MDP SixieDREAMY.
T&P : amourette/meurtre/noyade
30 janvier, 09.30 a.m. ]

[ je suis dans une grande prairie herbeuse, quelque chose d'un paysage flamand, ciel mouillé mais lumineux, nuages hauts, soleil jaune. Je sens le bruissement du vent autour de moi, je porte une robe comme celle d'Autant en emporte le vent. Je tiens une ombrelle. Romantique en diable, la fille... [...] ]

Autant dire que pour le malheureux adepte du courrier papier, la lecture devient très rapidement ardue! D'autant que les personnages s'enchaînent au fil des articles publiés, sans liens apparents les uns avec les autres.
Et puis, à force d'entêtement, je suis arrivée à la page 75 et à l'entrée en scène du commissaire-stagiaire Alice Kowacks: brave petit soldat, fière de son métier et de ses aspirations! Quitte à saborder sa relation de couple et à en subir les conséquences. C'est grâce à Kowacks que je n'ai pas abandonné la lutte. Avec elle, j'ai repris pied. Avec elle, j'ai pris plaisir à me laisser aller au style efficace de l'auteur. En effet, Vincent Villeminot, s'il ne m'a pas facilité la tâche, a le mérite d'écrire remarquablement bien. Pas de lenteur dans le rythme, construction narrative audacieuse, manipulation du lecteur tout autant que des personnages. Car il leur en fait voir à ses personnages! Les intrigues se mêlent, s'entrecroisent, forment une sorte de gigantesque labyrinthe ( j'avais envie de dire réseau...) où la réalité se confond avec le rêve et le virtuel.
Où se cache la vérité dans cette masse d'informations que les personnages nous livrent, croient deviner, abandonnent pour un temps avant d'y revenir? C'est la question qui m'a agitée jusqu'au bout. Tout comme elle a agité Alice Kowacks...

Et donc, je suis arrivée à la fin. Avec le sentiment très net de n'avoir pas tout compris et de devoir sans doute relire une seconde fois ce livre de 448 pages.
Dois-je alors dire que je suis déçue?
Et bien non, et c'est là toute l'étrangeté de la chose.
Bien sûr les références à connotations "geek" m'ont bloquée dans mon approche de départ, bien sûr le nombre de personnages est étourdissant, bien sûr les différentes intrigues se mélangent tellement que je me suis perdue.
MAIS,
il y a le style.
MAIS,
il y a l'originalité du thème qui donne à réfléchir.
MAIS,
il y a le rythme.

Et puis surtout, il y a des personnages auxquels je me suis attachée. Contrairement à ce que j'ai lu chez d'autres blogueurs, ce ne sont ni Sixtine, ni Théo Chaplin, ni même Alice Kowacks qui m'ont séduite. Non. C'est le commissaire Abel Fanelli. Cet homme usé par la violence quotidienne qu'il doit affronter, par son sentiment d'avoir été un mauvais père et par ses efforts pour y remédier, même mal.
Cet homme-là m'a émue. Sans doute parce qu'il reflète une des grandes craintes que nous avons, nous parents : celle d'échouer auprès de nos "petits"...

"Réseau(x)" est à présent fermé sur mon bureau. Je ne l'ai pas rangé. Je sais qu'il m'attend et que je replongerai sans aucun doute dans ses pages.



Je remercie les éditions Nathan et Lire en live de m'avoir donné l'occasion de découvrir un auteur qui me faisait de l'œil depuis ses précédents romans "Instinct" ( tomes 1 et 2) vers lesquels je ne manquerai pas de me tourner dans un avenir proche.




 

 

lundi 9 septembre 2013

Les évaporés - T. B. Reverdy

 

Je ne vais pas parler d'éblouissement mais voilà un second livre lu dans le cadre du challenge 1% de la rentrée littéraire qui m'a indéniablement fait passer un agréable moment.
Une écriture fluide, des personnages intéressants, des clins d'œil à R. Brautigan, des références à l'actualité et une plongée dans l'univers étrange du Japon; tout est habilement placé par l'auteur pour satisfaire les plus exigeants des lecteurs.
 
"Les évaporés", c'est avant tout la description des conditions de vie d'une certaine frange de la population, placée au-delà même de la marginalité, dans une "non-existence". Les évaporés, ce sont ces japonais qui un jour, pour des motifs aussi variés que personnels, choisissent de disparaître. Au nom de l'honneur, ou bien pour fuir la honte, ou, dans le cas du personnage dont le titre parle, pour éviter aux siens de subir des violences et préserver sa propre vie.
 
Le père de Yukiko a en effet dû quitter sa femme et son travail. Il a vu quelque chose dont il ignore encore tout mais qui a suffi à mettre la mafia à ses trousses et un terme à son quotidien.
Et nous allons le suivre dans les quartiers paumés, le regarder reconstruire sa vie avec l'aide improbable d'un jeune garçon qui a fui le nord et les ravages du Tsunami.
Yukiko va lancer son ami Richard B. - un privé avec qui elle a entretenu une liaison dont il se s'est jamais remis entièrement - sur les traces de ceux dont on ne parle pas.
 
J'ai adoré toute la partie concernant Kaze ( le père) et le jeune gamin. L'enquête du privé et ses relations troubles avec Yukiko sont bien tournées. Les seuls passages à m'avoir moins plu sont les deux passages sur les rêves, passages dont je voyais moins l'utilité.
 
Cela reste toutefois une jolie découverte et nul doute que je m'intéresserais de très près à cet auteur par la suite...



challenge album

mardi 3 septembre 2013

Lady Hunt de Hélène Frappat

La présentation en quatrième de couverture avait retenu mon attention pour ce premier livre de ma rentrée littéraire.
"Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d'une maison qui l'obsède, l'attire autant qu'elle la terrifie.
En plus d'envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu'il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l'héritage d'une malédiction familiale auquel elle n'échappera pas?
D'autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme [...]. Tandis qu'elle fait visiter un appartement de l'avenue des Ternes, Laura est témoin de l'inexplicable disparition d'un enfant. [...]"
 
Il n'en fallait pas plus pour frapper mon imagination et me donner envie d'ouvrir ce livre publié chez Actes Sud, dans ce format que j'apprécie tant.
Malheureusement, mon plaisir s'est arrêté là. Je n'ai absolument pas accroché au style de l'auteure. Trop hermétique pour moi. Pourtant, il y a d'excellentes idées : Laura Kern est une jeune femme dont les doutes ont de quoi susciter l'émoi, angoissée qu'elle est à l'idée de souffrir de cette maladie qui a poussé son père au suicide et qui a convaincu les gens qu'il était un ivrogne. Ce père est une figure omniprésente dans l'esprit de Laura et de sa sœur. Il les hante. Il les terrifie par ce qu'il leur a probablement transmis. Il existe des tests qui permettent d'être sûres, mais vaut-il mieux vivre dans l'incertitude et dans l'espoir ou dans la certitude de sa mort?
Les dialogues, quand il y en a, sont vifs et très humains.
Mais voilà, il n'y a pas tant de dialogues que cela et le reste est à mes yeux formulé dans une prose récalcitrante à se laisser déchiffrer. D'autant plus que tout le livre est scandé par un poème en anglais de Tennyson dont nous n'avons pas la traduction tout au long du livre. Et mon anglais n'est guère suffisant pour traduire et cerner toute la saveur de ce poète. Cela m'a vraiment freinée. Le fait de trouver sa traduction tout à la fin du livre, comme une révélation suprême, n'a pas été un soulagement, juste une frustration supplémentaire qui n'a en rien réglé les difficultés que j'ai éprouvées à entrer dans un univers qui m'était totalement étranger. Jusqu'au bout, j'ai cru que je parviendrais à dissiper les brumes de mon incompréhension. Il n'en a rien été.
Je ressors donc de ce livre sans en avoir rien retiré, rien d'autre que le sentiment d'être passée, peut-être, à côté de quelque chose.
Ou peut-être pas...
 
Un extrait :
 
" Dans l'allée, je trébuche et tombe à genoux.
Les bras métalliques de la grille se referment, clac!
Je suis dedans.
Je ramasse des poignées de cailloux et remplis mes poches.
Prisonnière, dedans.
J'attrape un caillou au fond de ma poche, je lève le bras, et je vise.
Brume, brume, brume...Où te caches-tu, petite brume?
La brume est dedans!
Les murs, les fenêtres, le toit recrachent des vapeurs de brume.
Feu! En plein dans la fenêtre au rez-de-chaussée, je tire!
LA MAISON A MAL!
Feu!
Une poignée entière de graviers sur les fenêtres, les murs, le perron.
Cri de joie!
LA MAISON RIT!
LA MAISON SE MOQUE!" 

lundi 26 août 2013

Juliette forever de Stacey Jay

La couverture de ce livre me faisait de l'œil depuis quelques mois. La quatrième de couverture titillait ma curiosité. Et j'assiste à une représentation théâtrale sur le sujet avec mes élèves. Il n'en a pas fallu davantage pour que j'achète "Juliette forever" de Stacey Jay.
Jugez plutôt ce résumé apéritif des éditions Macadam :
 
"
Oubliez tout.
Oubliez Roméo qui se tue pour Juliette.
Oubliez Juliette qui se tue pour Roméo.
La vérité? Les deux amants sont devenus immortels... mais ennemis à jamais. Depuis quatre siècles, Roméo s'acharne à séparer ceux qui pourraient s'aimer quand Juliette doit tout faire pour les réunir.
Entre les deux anciens amants, tous les coups sont permis. Car l'amour a fait place à la haine. Pour toujours.
Vraiment?"
 
Ah? Avouez! Voilà qui a de quoi apostropher le client, non? Apostrophée, je fus. Hélas, pas pour longtemps.
Si l'objet est infiniment plaisant à tenir en main ( qualité de la couverture, grands caractères, chapitres pas trop longs), le contenu m'a nettement moins enthousiasmée. C'est très roman "fleur bleue", y a pas à dire. Et même si je suis romantique, je dois avoir passé l'âge des romans trop édulcorés où les "je t'aime - moi non plus" constituent les ressorts principaux d'une histoire.
Certes, c'est mignon. Certes, le lecteur se demande comment tous les drames successifs vont se résoudre. Certes. Mais malgré cela, je n'ai pas réussi à m'imprégner des héros, à vibrer en même temps qu'eux.  Il n'est pas question de qualité littéraire ou de mauvaise construction narrative ( même si les références constantes aux Ambassadeurs et aux Mercenaires rendent parfois le récit embrouillé), mais la magie n'a pas opéré sur moi. Je le regrette mais peut-être agira-t-elle sur vous?
 
 
 

Prix Farniente 2014 (suite)

J'ai donc poursuivi mes courses marathon en lectures pour la préparation de ma rentrée. Comme je vous le disais, ce sont les sélections du prix Farniente qui ont accaparé toute mon attention ces derniers jours.
 
"L'homme qui court" de Michael Gerard Bauer est un très beau livre.Très bien écrit et qui mérite une longue réflexion car il propose une histoire qui peut paraître simple mais qui regorge de situations complexes à appréhender. Joseph a 13 ans et est très doué en dessin. A la maison, il y a sa maman et parfois son papa. Un papa qui travaille très loin, ce qui n'est pas toujours simple à vivre. Très souvent, il y a aussi une voisine sans-gêne : Madame Mossop. Une voisine qui a l'œil a tout ce qui se passe dans le quartier tranquille où ils habitent. Madame Mossop qui a une opinion très tranchée sur tout le monde et notamment sur les Leyton qui vivent juste à côté de chez Joseph. Pourtant Caroline Leyton est charmante. Elle propose à Joseph de tondre la pelouse. Et puis, elle va également lui proposer de faire le portrait de Tom, son frère. Un homme mystérieux dont on raconte beaucoup de choses inquiétantes. Pour s'affranchir de sa réputation de garçon trop timide, Joseph va accepter. Et découvrir qu'il faut souvent gratter profondément sur la surface pour connaître réellement une personne.
"L'homme qui court" est vraiment une belle histoire. Très riche. Les personnages sont tous attachants et le récit n'est pas moralisateur. L'auteur a su déjouer le piège de la morale bien lourde pour simplement raconter un récit plein de finesse et de saveur. Où l'humain se révèle tel qu'il est : complexe et multiple. Même Madame Mossop, très caricaturale au départ, va acquérir une épaisseur qui la rend nécessaire et attachante.
Un livre à conseiller donc, même si les lecteurs moins "pratiquants" risquent aussi de lui reprocher une relative lenteur.

"Bras de fer" de Jérôme Bourgine.
Julian a 18 ans et tout pour être heureux. Du moins, presque tout. Il aimerait obtenir de son père un
autre regard, un regard de reconnaissance, de fierté. Le seul moyen pour y parvenir? Le battre au bras de fer. Sauf qu'un accident de moto vient bouleverser le fil de l'existence. Et pour Julian et ses proches, pour Leïla - sa merveilleuse petite-amie - commence une longue plongée dans les recoins les plus noirs de l'humanité.
Ici, par contre, après un début prometteur, le livre m'a ennuyée pour ne pas dire pire. J'ai retrouvé dans ce livre tout ce que je reproche à la littérature pour jeunes adultes : l'ambiance glauque, le plaisir de s'enfoncer dans une réalité la plus sombre possible, avec des détails sur la descente aux enfers des deux héros dont je me serais bien passée. Je n'aime pas les livres qui ressemblent à un article de la DH et là, même si c'est écrit de façon correcte, je n'ai fait qu'assister à un journal qui s'étale sur les aspects morbides et négatifs de l'existence. Je ne doute pas cependant qu'il plaira à beaucoup puisque c'est souvent le genre de thème qui séduit les jeunes de mes classes.
 
"La guerre de Catherine" de Julia  Billet.
 
Julia Billet est la fille de l'héroïne dont elle narre l'aventure. L'histoire s'inspire donc de faits réels mais modifiés par la main d'une auteure qui a voulu avant tout raconter une histoire.
Rachel est élève dans une école où l'on expérimente une nouvelle méthode pédagogique. C'est la guerre. Rachel n'a plus de nouvelles de ses parents. Mais elle a deux amis qui lui permettent de faire l'impasse sur ce qui se déroule hors des murs de la "maison des enfants de Sèvres". Deux amis et une passion nouvelle pour la photo. Seulement la réalité est là et bientôt, elle jette la jeune fille sur les routes de France pour échapper à l'Allemand nazi. Rachel devenue Catherine devra oublier qui elle était pour survivre. Grâce à son appareil photo, elle se fait le témoin des violences et des beautés de cette guerre. Car il y a de la beauté dans les rencontres qu'elle fait, dans les gens qui de façon simple l'accueillent, au mépris du danger qu'elle fait planer sur eux.
Récit diablement bien écrit, le livre risque ici aussi de susciter la critique des jeunes par sa lenteur. Et pourtant, il mérite vraiment un détour et une analyse tellement l'évolution de Rachel/Catherine à travers son art est intéressante.
 
"Le cœur en braille" de Pascal Ruter.

Victor est un cancre. Il ne fait rien de bon à l'école. Lire est une torture. Les maths une source
d'incompréhension majeure. Pourtant, Victor est de bonne composition, il ne demande pas mieux que d'apprendre. Il retient d'ailleurs sans difficulté les 1001 détails concernant la Panhard, célèbre voiture aujourd'hui disparue pour d'autres marques plus rentables, vestige d'une époque désormais révolue.
Pour Victor, la vie n'est donc pas toujours rose. Heureusement, il y a Haïçam, un petit génie, fils du gardien de l'école. Et puis un jour, il y a aussi Marie-José. Marie-José qui a une QI drôlement élevé. Marie-José qui joue du violoncelle. Marie-José, allez savoir pourquoi, qui s'est mis en tête de collaborer à l'éducation de Victor.
Pascal Ruter tisse une jolie histoire sans prétention avec des personnages attachants. Je lui reproche juste de s'enliser parfois dans son récit. De le rendre long par certaines répétitions de situations. Et par des digressions pas toujours claires.
La couverture est adorable et illustre vraiment bien le roman. C'est elle qui m'a donné envie de découvrir le bouquin. Et même maintenant que je l'ai lu, elle suscite toujours en moi une émotion indéfinissable.
 
Voilà qui termine probablement mes pérégrinations dans l'univers Farniente 2014 dont je souligne la qualité et la pertinence de classement d'âge.
 

 

mercredi 21 août 2013

Rentrée littéraire : mes choix



challenge album


Après quelques recherches, je crois que je vais me tourner vers les titres suivants : https://www.amazon.fr/registry/wishlist/2TIX9UI2SSISD/ref=cm_wl_rlist_go_o_C-4

Bon, évidemment, il y en a 9 et pas 6, je vais donc voir jusqu'où je peux aller dans ce challenge.

mardi 20 août 2013

Challenge rentrée littéraire 2013 : soyons fous!

Quitte à être folle autant l'être jusqu'au bout, je me suis lancée dans un challenge "rentrée 2013" en compagnie de Plume de Cajou et de Délivrer des livres :
 
Il ne me reste plus qu'à sélectionner les 6 livres :-)

dimanche 18 août 2013

Contagion ludique (next)

Voilà 8 années que je partage mes jours avec un joueur. Les premiers temps, l'homme a voulu m'initier à sa passion et je dois reconnaître que cela n'a pas tellement bien fonctionné. Les joueurs sont en effet des gens assez spéciaux avec un humour corrosif qui peut ébranler les plus complexés. Très vite, j'ai donc développé un syndrome de stress ludique qui me rendait malade dès que l'homme prononçait les mots ' jeu, jouer ou joueurs". J'ai arrêté.
Mais je suis restée à l'écoute de ses aventures et j'ai fini par revenir au jeu à travers le jeu de rôle ( pour découvrir mes pérégrinations, lisez donc le blog d'un MJ : http://lartdelatable.wordpress.com, DD, itinéraire  d'une rôliste nouvellement née, moi en l’occurrence ^^). Et avec nos dernières vacances, je vous avouais avoir eu un coup de cœur pour "Race for the Galagy". Coup de cœur qui ne se dément pas, j'ai arrêté de compter le nombre de parties réalisées mais je suis sûre que, pour une fois, mon homme a rentabilisé ses achats! Car, si notre ludothèque est conséquente ( raisonnablement par rapport à d'aucuns toutefois), il n'en reste pas moins que la plupart des jeux dorment dans leurs boîtes et prennent la poussière. Ce qui est dommage. Aujourd'hui, poussée par la curiosité, j'ai donc décidé de franchir un nouveau pas et de choisir un AUTRE jeu (WOAW!!!) au grand étonnement de l'homme pour qui "à partir de 2 joueurs" signifie automatiquement "plus de 2 joueurs". Mais grand prince, il a finalement accepté. Et il a eu bien raison. 
J'ai ainsi découvert Gingkopolis, un jeu de Xavier Georges - un copain de l'homme, ça le fait toujours de connaître des "célébrités". 
Et bien, même si j'ai perdu ( saperlipopette, je ne m'y attendais paaaaaaaaaas du tout), j'ai bien aimé ce jeu fort sympathique aux règles a priori complexes mais qui une fois lancée dans la partie, ne m'ont pas non plus trop turlupinée. 
Je profite donc de l'occasion pour 
- faire la pub de ce jeu ( à essayer avec quelqu'un qui connaît bien les règles, c'est toujours plus agréable)
- promouvoir le jeu de société à 2 (même quand la boîte prévoit un plus grand nombre de joueurs possible) 
- me féliciter ( applaudissements siouplèèèè) d'avoir su rester "open mind" face à une pratique que je considérais comme trop compliquée pour moi.

Qui sait, peut-être qu'un jour je finirais même par jouer avec plusieurs joueurs en face de moi :-)

lundi 12 août 2013

Lorsque rentrée rime avec coup de coeur : "Quelques minutes après minuit" de P. NESS

C'est la rentrée qui se dessine et pour me préparer à cet événement, je dévore des livres qui pourront, je l'espère, plaire à mes élèves.
Cette année, après avoir scruté le web, j'ai choisi de me tourner vers deux sélections pour faire mes choix : celle du prix des lycéens de littérature et celle du prix Farniente. Les résumés de certains livres m'avaient accrochée et j'ai donc, par le biais de notre bibliothèque communale d'Andenne - que je salue au passage -, réservé plusieurs titres.
 
J'ai commencé par "Les étoiles de l'aube" de B. Gheur. Un très bon livre qui retrace les jours de libération de la cité ardente à travers des témoignages recueillis par le narrateur qui, le temps d'un reportage, revêt la cape de journaliste. C'est bien écrit, facile à lire et rapide. Voilà déjà un titre à mettre sous la dent de ceux que fascine la seconde guerre mondiale.
 
 
Ensuite?
 
J'ai enchaîné avec " Si tu passes la rivière" de G. Damas. Là aussi, j'ai commencé le récit et n'ai plus su m'en détacher. François vit et travaille à la ferme. Avec son père et ses deux frères. Et les souvenirs de ceux qui sont partis : son frère Jean-Paul, sa mère Victorine et sa sœur Maryse. Le départ de Maryse est ce qui blesse le plus son cœur car elle était la seule à se montrer tendre. Alors, pour se consoler, François sympathise avec les cochons dont il a la responsabilité. Mais c'est douloureux de s'attacher à un cochon qui va finir dans votre assiette... Et puis, il y a toutes ses questions qui restent sans réponse. Alors François va chercher.
Un récit terrible et poignant, qui montre combien l'éducation est importante pour permettre d'y voir clair. Hop, encore un autre livre à présenter à mes cocos...
 
 
 
 
 
Et puis?
 
 
 
J'ai dévoré " Karen et moi" de N. Skowronek. Celui-là, je ne suis pas parvenue à le lâcher et pourtant, il ne figurera pas dans mes propositions scolaires. "Karen et moi", il faut avoir lu " la ferme africaine", avoir frémi en regardant " Out of Africa", trembler en attendant les mots " J'avais une ferme en Afrique". Sinon ça marche pas. Heureusement pour moi, ça a marché et j'ai aimé, aimé, aimé. Même si ce premier roman présente certaines faiblesses ( notamment un petit côté inachevé, je trouve), c'est excessivement bien écrit.
 
 
 
 
 
 
 
D'accord. Et après?
 
J'ai ouvert  " Les épines de la couronne" de H. Lejeune. Le sujet me plaisait car lié à la problématique des guerres de religions ( j'ai lu "les Fortunes de France" de R. Merle comme objet de mon mémoire). Jean Cavalier est protestant dans une France catholique dure. Comme d'autres, Jean ne supporte plus d'avoir à se cacher et il fera partie des révoltés des épisodes tragiques des dragonnades. C'est bien écrit mais malheureusement un peu long et pour finir, hélas, monotone.
 
Quoi d'autre ?
 
 
Laissant de côté " la maison de l'âme" de C. Deltenre au sujet trop fouillé pour m'attirer, je me suis enfin tournée vers l'objet réel de cet article : "Quelques minutes après minuit" de P. Ness.
Le livre est intriguant. Une couverture bleue, sombre, des branches d'arbres. A l'intérieur des illustrations pourraient laisser croire qu'il s'agit d'un album pour enfant. Il n'en est rien. Conor a 13 ans et sa maman lutte contre un cancer. Conor lui lutte avec sa maman. Mais il lutte aussi contre des comportements malsains de "camarades" d'école, il lutte contre la colère. Il lutte contre d'affreux cauchemars dont il n'ose parler à personne. Pas même à sa maman. Et puis un jour, en plus des cauchemars, Conor va devoir affronter le Monstre.
Un récit bouleversant, terriblement dur et juste qui a manqué de peu me faire pleurer tant c'était vrai. Des personnages poignants. Et cette réalité qui justement n'est pas un conte de fée. Je suis ressortie de ce livre après avoir lutté à mon tour et ressenti les mêmes émotions que ce bout d'homme courageux. Une lecture-choc. A lire avec précaution. Mais à lire de toute urgence!
 
 

mardi 6 août 2013

Vertige de Franz Thilliez

Voilà un livre qui m'a aussi réconciliée avec les thrillers qui s'avalent d'une traite, où l'on se dit "
c'est trop" mais où l'on est incapable d'arrêter même si cela devient écœurant!
L'intrigue se joue en un terrible huis-clos où trois hommes vont se réveiller prisonniers dans une grotte, cernés par des températures épouvantablement froides. Jonathan est enchaîné au poignet. Son chien est à ses côtés. Une tente, de quoi survivre quelques temps en se rationnant. Pour cet ancien champion de l'escalade en montagne, les réflexes reviennent petit à petit. Mais les deux autres prisonniers accepteront-ils de se plier à ses règles? Le mystérieux Farid, lié à la cheville, et Michel dont le masque de fer dissimule une bombe qui lui perforera le crâne s'il s'éloigne trop de ses compagnons d'infortune.
Franz Thilliez parvient à maintenir le suspense tout au long de cette histoire où le lecteur guette les réactions de ces êtres plongés dans la tourmente. Et non seulement il parvient à créer l'attente et à susciter les questions mais en plus, il contourne et devance les hypothèses au fur et à mesure qu'elles se dessinent dans notre esprit. Il parvient ainsi,jusqu'au bout, à nous surprendre.
 
Je crois que c'est ce que j'ai préféré dans ce roman : la capacité de Thilliez à me surprendre, à me faire des pieds de nez chaque fois que je pensais avoir résolu l'énigme. Le rythme est plutôt lent au départ : il met en place la situation et les personnages, pose les bases de toutes les interrogations : pourquoi ces hommes sont-ils enfermés-là? Pourquoi ces trois-là? Qu'ont-ils en commun? Et puis le rythme s'accélère. Les indices apparaissent, les souvenirs remontent à la surface. Et toujours l'horreur d'une situation mortelle où le froid et la faim sont omniprésents.
Je peux bien sûr reprocher à Thilliez de tirer un peu trop sur la ficelle à certains moments, trouver que le style n'est pas ce que j'ai lu de plus abouti et que la personnalité des personnages pourrait être plus fouillée. Certes, il n'en reste pas moins que ce n'est pas, je crois, son objectif. Son but est de nous distraire avec un intrigue efficace. Et là, je dis : pari gagné! 
 
 

lundi 5 août 2013

les filles de Cùchulainn de JF Chabas

 
Autant le dire tout de suite, voilà une petite pépite, un savoureux moment de lecture que j'ai dévoré en quelques heures.
"Les filles de Cùchulainn" c'est avant tout le récit d'une île et de la mer, de ses marins et des femmes qui attendent leur retour, parfois en vain. Ensuite, c'est l'histoire d'un amour. Celui qu'éprouve Mary pour Conrad. Conrad pour Mary. Depuis toujours et pour toujours sans vouloir tomber dans le trop sentimental, qui est un défaut totalement absent de ce roman. C'est aussi la rencontre avec un cheval, énorme, gigantesque, imposant : Cùchulainn. Qui ne sert à rien. Car il refuse obstinément de travailler. Il ne sert à rien jusqu'au jour de la naissance des filles de Mary. Et je préfère ne pas en dire davantage de peur de gâcher votre plaisir. Disons seulement que c'est très bien écrit ( avec cette étonnante particularité d'un auteur masculin qui parle à travers une voix de femme avec beaucoup de justesse) et que Cùchulainn et ses filles ne peuvent laisser indifférents. Bonne lecture!
 
Un petit extrait pour le plaisir :
 
"Un matin, j'ai su que j'étais enceinte. J'ai ouvert les yeux avant de sourire dans la pénombre de la chambre ; à bien y repenser, c'était une étrange certitude, car rien dans mon corps ne s'était encore manifesté. Mais il y a des tas de choses qu'on n'explique pas. Ceux qui prétendent le contraire - les terribles rationalistes - sont à plaindre, me semble-t-il. En tout cas je suis restée immobile, mains croisées sur mon ventre plat, draps remontés sous le menton, et j'ai continué à montrer mes dents au plafond, comme une demeurée, jusqu'à ce que les muscles de mes joues se crispent. C'a été un merveilleux réveil, je me le rappellerai toujours. Tandis que résonnaient les chants des oiseaux de l'aurore, je me suis demandé qui serait le petit occupant. Eh non, je ne savais pas ce qui m'attendait.
Sur Greene, notre île, il est impossible de prévoir le temps. Si au cœur du continent ou ailleurs on trouve un peu partout de soi-disant vieux sages vous affirmant avec une emphase confortée par leur grande expérience que, puisque le ciel est rose, il va faire beau, ou que comme les nuages sont ronds, la pluie arrive, sur Greene personne ne s'aventurerait à ce genre de ridicule. Personne ; pas même le plus gâteux des centenaires. Nous sommes, à n'en pas douter, une espèce de terrain de jeu pour les dieux malicieux, et ici la tempête succède au calme plat avec une déconcertante soudaineté. Aussi nos femmes de marins deviennent-elles veuves très tôt. Tout comme moi, avec mon Conrad.
J'avais toujours connu mon mari. Nous avions bâfré ensemble le sable de la plage tandis que nous tenions à peine debout, nous avions roulé dans le même crottin, et proféré les mêmes âneries, de nos voix de mouette ; nous avions reçu les mêmes taloches. Il me semble cependant que celles de la mère de Conrad étaient les plus violentes. C'était une forte femme. Ici, toutes les femmes sont fortes ; disons que c'était une forte femme parmi les fortes femmes de l'île, ce qui en faisait quelqu'un de redoutable pour chacun, et spécialement pour nous autres bambins. Elle est tout de même morte de pneumonie, par un hiver où les vents soufflaient avec une telle violence que j'ai vu de mes yeux deux bœufs couchés par une bourrasque, à l'instar de soldats de plomb valsant sous la chiquenaude d'un gosse. Conrad a tant pleuré que j'en avais le cœur brisé. Nous venions de fêter nos onze ans. Ce garçon qui exhibait déjà des mains d'homme, abîmées par les cordages, l'eau et le froid, était si sensible ; un instant, il m'est passé par la tête qu'il ne s'en relèverait pas, qu'il en resterait idiot, ou plutôt fêlé, c'est le bon terme, fêlé comme un vase pouvant se casser au moindre choc. Mais il a surmonté sa peine. Je veux croire que j'y suis pour quelque chose parce que je ne l'ai pas quitté d'une semelle et que je lui ai donné à cette époque mon premier vrai baiser, m'étourdissant autant que lui. Conrad était un garçon aussi gentil que viril ; il est demeuré semblable quand il est devenu un homme, et il n'y a pas beaucoup de filles capables de résister à ce mélange-là
."

lundi 29 juillet 2013

La boutique de la seconde chance de M. Zadoorian

 
Chiffo ( pour chiffonnier) aime les vieux trucs farfelus. Il écume les vide-greniers et les brocantes pour amasser des trésors kitchissimes qu'il revend dans sa boutique ou qu'il conserve pieusement dans son appartement. Tout cela sous l'œil réprobateur de sa maman et de sa sœur. Jusqu'au jour où la maman meurt.
La vie de Chiffo va alors basculer. Remise en question de son train-train quotidien et de ses choix. Une remise en question d'autant plus conséquente qu'une ravissante demoiselle va franchir le seuil de son magasin. Les affres des émotions vont plonger notre vendeur dans des situations hilarantes ou tragiques, selon le point de vue.
 
Un livre facile à lire, sans prise de tête et rafraîchissant. Un de ces livres qui désaltèrent lorsque le soleil d'été est au plus haut, mais sans prétention aucune, il se referme sans regret.

Sérum de H. Loevenbruck et F. Mazza

Le concept de sérum rejoint celui des feuilletons publiés dans les journaux du 19ème siècle mais avec une touche de modernité en plus.
Chaque livre équivaut à un épisode d'une série et est rendu plus vivant grâce à des codes qui renvoient à de la musique, des extraits sonores sur le net.
Il y a quelques années, Stephen King avait aussi écrit un roman dans cette optique: La ligne verte. Et je piétinais littéralement en attendant la suite de l'aventure.
Ici, j'ai lu le premier épisode mais même si l'histoire est bien écrite, ma foi, on ne peut pas dire que j'ai envie de me précipiter dans la première librairie venue pour dévorer la suite. C'est plaisant. Un peu comme un Bones quand Docteur House est en congé.
 
Dans ce premier épisode, nous découvrons les personnages : Lola qui enquête tout en gérant son statut de mère isolée, Emily - la victime amnésique et l'ami et psychiatre Arthur Draken qui a mis visiblement au point une technique particulière pour sonder l'inconscient des gens.
 
Et c'est malheureusement à peu près tout. A 6 euros le livre, hum... il faut vraiment être motivés pour s'acheter toute la série. Je crois que c'est là mon seul - mais plus catégorique - reproche : le contenu de cet épisode est sympathique, correct dans la présentation de l'intrigue et des personnages mais beaucoup trop pauvre en terme de contenu.
 
J'aime bien les livres mais quand même...

samedi 27 juillet 2013

Contagion ludique

Je ne résiste pas à l'occasion qui m'est donnée de partager mon coup de cœur pour un jeu de société découvert pendant mes vacances.
Il faut savoir que je partage les jours d'un joueur de jeux de plateau - vous savez les jeux où il y a des pions, des dés...- et que nous avons une ludothèque particulièrement bien achalandée. Ludothèque dans laquelle je ne m'aventure que rarement n'étant pas une grande fan des batailles perdues ( oui, mon homme gagne TOUJOURS et oui, je râle!). Mais voilà, la boîte m'a fait de l'œil et même si je me prends des solides roustes, je continue à avoir envie d'y jouer, situation suffisamment exceptionnelle pour que j'en parle.
"Race for the Galaxy" est un jeu de cartes où les joueurs ont pour mission de capitaliser des points de victoire en gérant des univers et des ressources. Le matériel est beau, il existe des règles pour jouer à deux et des extensions sont déjà sorties pour enrichir le jeu, notamment avec un système d'objectifs à atteindre très sympathique et de nouvelles cartes "univers".
Autre avantage? J'ai compris les règles assez rapidement :-) ! Ce qui n'est pas négligeable car même si je perds, j'ai le sentiment d'avoir joué correctement.
Un bémol? Ben... mon homme gagne tout le temps!
 

Des lectures que j'ai commencées mais...


Je retrouve Elizabeth George avec "La ronde des mensonges"... En croisant les doigts pour que Linley, mon inspecteur préféré soit plus intelligent que dans le précédent volume :-)
...
Hélas, Linley retombe dans les mêmes erreurs... et je n'accroche pas. Je le mets donc de côté pour l'instant.














J'avais tellement aimé son petit sorcier que je n'ai pas résisté à son nouveau livre "Une place à prendre" de J. K. Rowling. Et même si je savais que le style n'avait rien à voir, je n'arrive ici non plus, pas à accrocher. Après 140 pages, je n'en suis nulle part, j'ignore exactement vers où veut aller l'auteur. Je vais aussi mettre l'ouvrage entre parenthèses. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour cette rencontre.

Affaire à suivre ;-)

Le polygame solitaire de Brady Udall

Gros pavé, "le polygame solitaire" retrace le parcours chaotique de Golden Richards, marié à 4 épouses aux caractères trempés et père de 28 enfants ( dieu du ciel, pauvre homme!) aussi turbulents que possible.
C'est un récit à la fois drôle et tragique. Les personnages secondaires sont ceux qui m'ont le plus plu. Celui de la jeune épouse qui se sent délaissée et se remet en question en luttant contre la tentation, celui du jeune rebelle de la tribu qui veut exister à tout prix. Et puis il y a les secrets de chacun qu'on découvre au fil des pages, aux moments les plus inattendus. Des secrets parfois terriblement durs et qui rendent l'histoire irrésistible.
Le seul hic, c'est que parfois, souvent, l'auteur en fait trop. Et tombe dans le burlesque de cirque. Et là, j'accroche moins.Je suis cependant contente d'être allée au bout de cette brique qui me laissera quelques belles images dans la tête.


mardi 23 juillet 2013

Incurables de Lars Kepler

Encore un auteur qui nous vient du froid... Enfin, je devrais dire des auteurs puisque derrière ce nom se cache en fait un couple de suédois : Alexandre et Alexandra Coelho Ahndoril. J'ignorais cette anecdote en achetant le livre dont le résumé m'avait mis l'eau à la bouche :
"Une jeune fille est assassinée dans la chambre d'isolement d'un centre de réhabilitation psychiatrique. Elle porte les traces de violents coups à la tête. Son corps est étendu sur le lit, les mains posées sur le visage, comme si elle jouait à cache-cache avec son meurtrier. Dans la grange voisine, on retrouve le cadavre de l'infirmière de garde cette nuit-là. Elle a été tuée à coups de marteau. Visé par une enquête interne, l'inspecteur Joona Linna est dépêché sur les lieux, mais en qualité de simple observateur. Il découvre rapidement que l'une des pensionnaires, Vicky Bennet, manque à l'appel. Sous son lit on retrouve des draps ensanglantés, et sous l'oreiller un marteau maculé de sang. Peu après, on signale le vol d'une voiture à bord de laquelle se trouvait un enfant de quatre ans. Les descriptions confuses fournies par la mère désemparée correspondent au signalement de Vicky. C'est le début d'une course contre la montre pour Joona Linna. En fouillant le passé troublé de la jeune fille, il fait d'inquiétantes découvertes. Qui est vraiment Vicky Bennet ? De quoi est-elle capable ? Et qui est cette médium qui ne cesse d'appeler la police, prétendant être entrée en contact avec l'esprit de la jeune fille morte ?"
Les premières pages téléchargées sur ma tablette - grâce à Amazon ( que ferait-on sans Amazon, je vous le demande un peu?!) - avaient achevé de me convaincre de plonger sur ce bouquin. En effet, elles présentent un crime dans une ambiance sombre à souhait qui donnerait presque au lecteur le sentiment qu'il va basculer dans du fantastique. J'en frissonne encore!
Et bien, je dois avouer que je ne regrette pas du tout d'avoir cédé à mon envie. J'ai passé un très bon moment en compagnie de l'inspecteur Joona Linna, plutôt beau gosse et trop entier pour ne pas avoir de soucis dans sa carrière. Son portrait psychologique est intéressant, l'auteur sème de petites interrogations tout au long du livre pour nous donner envie d'en savoir plus sur lui et son terrible passé. Si Lars Kepler parvient à nous tenter vers ses autres livres, il ne pousse cependant pas le vice à ne rien livrer comme réponse et j'ai pu fermer les pages sans me sentir complètement frustrée par rapport au récit "Incurables".
Mieux encore, je n'ai pas senti la double énonciation. Le style est fluide et je mets au défi les lecteurs de pointer du doigt des différences dans la manière dont est rédigé l'ouvrage. Je ne sais pas comment ces deux-là travaillent mais le résultat traduit une homogénéité et une grande symbiose.
Du positif donc pour cette lecture que je classe dans la catégorie bon thriller sans non plus hurler au génie : l'intrigue est bonne et la solution est cohérente même si, il faut le reconnaitre, c'est un peu tiré par les cheveux.
Petit reproche également, la chronologie des faits n'est pas toujours simple puisque plusieurs histoires sont mêlées ( celle de l'enquête, celle de la médium et celle de l'inspecteur) avec des moments de flottements.
A part ça, rien à redire : "Incurables" permet de passer un très bon moment. A conseiller donc!
 
 

jeudi 20 juin 2013

La liste de mes envies...

Je ne sais pas à quoi cela tient. Est-ce la fin des examens, la perspective des corrections terminées et des vacances... Toujours est-il que j'ai envie de me faire plaisir. J'ai envie de prendre rendez-vous chez une esthéticienne pour me faire belle, j'ai envie de me trouver des fringues qui remontent le moral par ce temps tristounet et bien sûr, j'ai envie de livres. Comme une malheureuse, je rôde dans les librairies en réfrénant mes envies compulsives et j'abuse de cette fabuleuse opportunité qu'offre Amazon en téléchargeant sur ma tablette tous les chapitres gratuits des livres qui me font de l'œil. Résultat? Je bave devant plein de bouquins. Alors qu'une pile considérable attend encore mon bon vouloir.
Docteur, c'est grave?
Suis-je la seule à être atteinte de cette maladie?
Et vous, c'est quoi vos envies à l'approche des vacances?

mardi 18 juin 2013

La vie sexuelle des super-héros de Mancassola

"Roman jubilatoire" précise la quatrième de couverture.
Hum.
Personnellement, même si je suis contente de m'être accrochée et d'avoir terminé ce livre, je n'ai rien vu de jubilatoire dans ce récit.
Composé de 4 parties et d'un épilogue, Mancassola nous plonge dans la vie des super-héros une fois que leur mission est achevée. Ils ont cessé de sauver le monde. Et nous découvrons ainsi ce que sont devenus Mister Fantastic, Batman, Mystique et superman.
L'idée m'avait séduite par son originalité : "A New-York, au début du vingt et unième siècle, les super-héros sont fatigués : Superman, Batman et les autres ont raccroché les gants. Dès lors, qui peut bien vouloir les éliminer? "
Original, donc. 
Mais je n'ai pas ri. Même pas souri. C'est triste et déprimant. Souvent glauque. C'est bien  écrit mais le récit s'enlise dans des réflexions philosophiques et existentielles que j'ai trouvées absconses, difficiles à suivre. En fait, pour être honnête, si j'ai bien compris l'histoire, je n'ai toujours pas compris les motivations des crimes (car crimes il y a).
Pourtant, je reste positive. J'ai beaucoup aimé la partie consacrée à Bruce De Villa et celle sur Mystique également. Le plus comique, c'est que pendant la lecture de cette dernière partie, j'avais les images des X-Men qui venaient se superposer à celles évoquées par le récit et qu'elles ne correspondaient pas forcément. Ce décalage m'a beaucoup fait réfléchir sur celle que tant de monde redoutait et que personnellement, j'ai trouvée fort attachante. Crédible en tous cas, contrairement aux autres super-héros décrits jusque-là.
 

lundi 10 juin 2013

Mon côté blondie

Je viens de vivre coup sur coup deux expériences de lectures assez traumatisantes pour mon ego d'intellectuelle ( humpf) universitaire et tout et tout...
Qu'est-ce à dire me demanderez-vous peut-être... Et bien, j'ai lu ( pour changer) et je ne suis pas certaine de tout avoir compris.
Dans un premier temps, cela m'est arrivé avec " La terre de mensonges" de Anne B. Radge.
Le résumé et la page de garde m'avaient tout de suite attirée et me promettaient l'intrigue suivante :
" après la mort de leur mère, trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale. Tor, l'aîné, se consacre à l'élevage de porcs, Margido dirige une entreprise de pompes funèbres et Erlend est décorateur de vitrines à Copenhague. Les retrouvailles s'annoncent mouvementée : la tension atteint son paroxysme lorsque la question de l'héritage amène le père de famille à révéler un terrible secret".
Alléchant, n'est-il pas?
Il est.
Du moins, c'est ce que je me suis dit. en plus, j'aime bien les auteurs venus du froid. Je me plonge donc avec délices dans les pages, que je tourne plus ou moins rapidement. tout en me demandant mais où veut en venir l'auteur? Où est ce fameux point paroxystique? Certes, je découvre les mœurs des trois frères ( et d'une nièce également dont la quatrième de couverture ne fait pas mention, ce qui est très injuste pour ce personnage capital). Des mœurs étranges, inhabituels pour la citadine campagnarde que je suis. Mais de tension, je n'en sens pas vraiment. Juste le morne quotidien d'un amateur de cochons ( Tor voue à ses bêtes une véritable passion mêlée d'une indéniable et surprenante nostalgie pour l'époque où il s'occupait de vaches), d'une nièce larguée qui se cherche en découvrant sa famille paternelle et d'un homosexuel est chouia zarbi et déjanté.  Intéressant.
Et pourtant, il ne se passe pas grand-chose. En fait, il me faudra attendre les 20 dernières pages pour arriver à la fameuse révélation.
Cependant, c'est très bien écrit. Les personnages sont attachants (Erlend a même fini par me plaire) mais le résumé m'a induite en erreur et m'a donc plongée dans une attente frustrante. Amis lecteurs, je vous mets donc en garde contre les résumés aguicheurs et aguichants tout en vous conseillant ce titre si vous n'êtes pas en quête d'un récit mené à la vitesse grand V.

Enfin, deuxième expérience tout aussi désastreuse pour mon image personnelle ( sans en plus pouvoir me cacher derrière le fallacieux prétexte d'une quatrième de couverture mensongère) : "Chroniques de San Francisco" de Armistead Maupin.
La quatrième page de couverture promettait elle un récit qui se lit comme on regarde une série télé : ça va à toute allure et ça capture les petits détails qui nous font aimer les êtres de papier comme s'ils existaient vraiment.
Cette fois, je dois reconnaître que je suis d'accord avec cette approche.
Mary-Ann débarque dans le San Francisco des seventies et découvre avec étonnement les habitudes de la faune locale. C'est plein de rebondissements, de personnages tragiques et comiques.
Mais c'est aussi bourré de références à des années qui ne m'évoquent à peu près rien. J'ai donc éprouvé pas mal de difficultés à suivre tout ce que racontaient les personnages. Et forcément à accrocher à cette civilisation décadente où l'on fume comme on respire et où la sexualité est abordée avec une liberté quelque peu choquante, à mes yeux de pudibonde bonne femme. Ce qui me frustre davantage, c'est de savoir que - tout comme les séries télé - il y a plusieurs saisons et que je vais, je crois, abandonner là les personnages qui bien que plaisants, ne m'ont pas emportée avec eux dans la fumée de leurs illusions. Diable, serais-je hermétique aux références historiques?