mercredi 30 juillet 2014

@ActesSud @Freddeghelt : Laissez-vous emporter dans "les brumes de l'apparence"

J'ai un faible pour Frédérique Deghelt. D'abord parce qu'elle publie chez Actes Sud des livres dont les couvertures attirent irrésistiblement mon regard. Ensuite parce que j'ai adoré "La grand-mère de Jade", enfin parce que j'aime son style.
Du coup, je n'ai pas pu résister lorsque j'ai croisé "Les brumes de l'apparence" dans les rayons de ma librairie habituelle.
Je l'ai sagement placé dans ma PAL pour les vacances. Pour savourer et profiter pleinement.
Ce que j'ai fait.
Les premières pages m'ont emportée très rapidement et je me suis laissée embarquer dans l'aventure de Gabrielle.
Gabrielle a 40 ans et une vie bien remplie. Elle organise des événements, elle habite à Paris, elle a un mari qui pratique la chirurgie esthétique et un grand garçon, Nicolas. Elle a tout pour être heureuse et ne changerait rien à sa vie pour tout l'or du monde.
Seulement voilà, un coup de fil lui apprend qu'elle hérite d'une vieille maison et d'une forêt perdues au fin fond de nulle part. Gabrielle s'organise pour se débarrasser au plus vite de l'encombrant bien. Mais c'était sans compter sur l'inattendu qui va bousculer toutes ses certitudes...
 
" J'ai quarante ans, j'ai passé la moitié de ma vie à combattre un père-mère, et l'autre moitié à élever un fils. Dans un cas comme dans l'autre, je crois bien que j'ai échoué. Même si mon échec a des airs de réussite. Mon père continue à avoir toujours raison quand il joue la mère poule et mon fils ne cesse jamais de me dire que j'ai tort. Quant à mon homme, chirurgien esthétique de renom, je guette avec angoisse le matin où il me regardera en évaluant le coût et le temps des travaux. [...] Revenir au début de l'histoire, c'est me revoir avec tout ce qui compose ce moi-même rassurant et construit. Cette appartenance à ce qu'on croit nous appartenir. Mon mari, mon enfant, mon père, mon métier : mes mots pour les décrire, cet humour distancié, ce confort caustique qui laisse croire qu'on est honnête parce qu'on sait rire de soi-même."
Gabrielle est un personnage qui m'a beaucoup parlé. Peut-être parce que je m'approche moi-même des quarante ans. Sans doute aussi par cette remise en question qui va lentement mais rudement la transformer. J'ai aimé cette manière que l'auteur a choisie de venir mettre à mal ses certitudes. De la bousculer dans ses convictions. Car c'est un peu le jeu de notre vie à tous, être sans cesse remis en cause, en question.
 
A côté de ce personnage, il y a l'aspect surnaturel de l'histoire. J'ai eu peur de ne pas accrocher mais au fond, ça ne m'a pas posé problème. Et je souligne les remerciements de l'auteur en fin d'ouvrage " l'auteur tient à remercier les fantômes qui ont accompagné chaque jour ce roman en se manifestant par des signes relativement clairs". Cette phrase m'a semblé justifier pas mal d'éléments présents dans ce roman et m'a permis d'en accepter une certaine réalité.
 
Alors, crierai-je au génie? Certes, le roman m'a tenue en haleine et ses personnages resteront en ma compagnie encore longtemps ( comme souvent avec les livres de l'auteur) mais il reste ce défaut que je retrouve trop souvent ( à l'exception de la grand-mère de Jade) chez Frédérique Deghelt, c'est son goût prononcé pour la morale explicite. Cela l'entraîne dans de longs monologues justificatifs à mon sens absolument inutiles. Quel dommage d'imposer ainsi à son lecteur une signification, un chemin tout tracé. Il me semble que si la liberté nous était laissée de choisir le sens que l'on veut donner au vécu des personnages, l'histoire gagnerait en force. Et puis, le style est tellement bon quand elle oublie de nous faire la leçon :-)
 
Un bon roman, donc, mais avec des passages à lire "les yeux fermés" pour ne pas se lasser...
Allez, un passage que j'ai particulièrement aimé, dans le métro parisien:
" [...] D'autres voyageurs montent en riant, ils saluent tout le monde. L'un s'adresse à ma voisine : "Ah, vous lisez le Goncourt des lycéens de l'année dernière? J'ai hésité à l'acheter. Vous comprenez, une histoire de recluse au XIIè siècle, ça m'effrayait un peu. - Ah non, répond la femme avec passion, n'hésitez plus, c'est merveilleux. Il lui arrive un nombre incroyable d'aventures entre ses quatre murs, et quelle écriture sublime! - Moi j'avais adoré son histoire de cœur cousu, son premier livre", intervient une autre dame de l'autre côté du siège. Autour de nous, tout n'est que brouhaha joyeux. On s'interpelle, on papote, et si l'on s'apostrophe, c'est avec humour. "Cher monsieur, j'avais un pied avant que vous ne décidiez de l'écraser. - Oh, pardon, madame. Justement j'allais demander votre main, ce n'est pas le pied d'être aussi maladroit dans un cas pareil." La femme rit et lui assure qu'il est pardonné."
 
Jubilatoire, non?  

lundi 28 juillet 2014

@pocket_jeunesse : J'ai aimé "Le Prince des nuages" de Christophe Galfard :-)

Décidément, les romans illustrés me font de l'œil et me séduisent! "Le prince des nuages" n'échappe pas à ce constat. Voilà un livre qui me faisait envie en raison des échos glanés sur le net et à cause ( ou grâce) à sa couverture absolument irrésistible. Les premières pages trouvées sur Amazon avaient fini de me décider à craquer. On y découvre Tristam en pleine interrogation de sciences et qui sue
sang et eau pour trouver les bonnes réponses alors que devant, son meilleur ami Tom gratte comme un forcené pour noter tout ce qu'il a engrangé dans sa tête.
J'ai bien aimé cette introduction qui n'a pas été sans me rappeler quelques souvenirs de souffrance sur mes propres copies de math lorsque j'étais encore du côté des élèves.
 
Mais en dehors de cette interrogation me demanderez-vous, ça parle de quoi? La quatrième de couverture nous révèle ceci :
 
"Tristam vit à 2000 mètres d'altitude, sur un nuage. Son village a été créé loin de tout pour cacher Myrtille, la fille du dernier homme à oser lutter contre le cruel seigneur du Royaume des Nuages. Tristam est un cancre et ses rêves d'aventures déplaisent autant à ses professeurs qu'à ses camarades. Mais le jour où l'armée du despote retrouve son nuage et arrête ses habitants, seuls Tristam et Tom, son meilleur ami, réussissent à s'échapper. Ces derniers comprennent soudain le sinistre dessein du despote : transformer le climat de la planète et l'utiliser comme une arme de guerre. Afin de retrouver Myrtille et de combattre le tyran, les deux garçons devront parcourir le ciel et en comprendre le fonctionnement. Pour cela, Tom ne pourra compter que sur son intelligence et Tristam sur son courage."
 
Le Prince des nuages se lit facilement. C'est vraiment un roman jeunesse. L'intrigue est assez simple, le récit est construit sans difficulté particulière, on peut facilement s'identifier aux personnages.
 
 
 
 
 
Ce qui m'a le plus plu, c'est l'insertion de passages explicatifs de nature scientifique. Sur les orages, sur les nuages, sur l'eau, sur le soleil. J'ai appris plein de choses et j'ai pu en faire profiter ensuite mes filles de 5 et 7 ans. C'est donc bien vulgarisé.
 
Rien que pour cela, je le recommande. Peut-être vous donnera-t-il, comme à moi, l'impression de ne plus être le cancre qui se cache au fond de la classe :-)

@livredepoche #PLLP : la sélection de juillet et un bon moment en compagnie de "Quatre racines blanches"

La fin de cette aventure se profile doucement et je dois dire que la sélection pour les mois de juillet et d'août était alléchante.


Pour juillet, j'avais le choix entre "Soudain trop tard" de Carlos Zanon, un roman qui se passe à Barcelone : " Un bar de quartier populaire, à l’aube. Epi, petite frappe notoire, fracasse le crâne de son ami Tanveer, puis s’enfuit retrouver Tiffany, la femme pour laquelle il a commis l’irréparable. Son frère, Álex, tente de le retrouver et de l’aider. Mais de quel secours peut être un ancien toxicomane schizophrène ? Soudain trop tard est le récit de la journée et de la nuit qui ont précédé le meurtre, et où tout a basculé. Sur fond de misère sociale, dans une ville touchée par la crise, émerge toute une galerie de petites gens marginalisés, personnages tragi comiques et terriblement touchants, occupés à survivre, entre optimisme et désespoir."
 
J'avoue que la sauce n'a pas pris avec ce roman malgré un résumé qui me semblait prometteur. Le style surtout m'a rebutée. Et une difficulté terrible à entrer dans l'histoire. Exit donc pour ce polar.
 
 
Ensuite, il y avait "Une terre si froide" d' Adrian McKinty.
"1981, Irlande du Nord. Bobby Sands vient de mourir. Le pays est sous haute tension, Belfast à feu et à sang. A Carrickfergus, deux homosexuels sont tués, main gauche arrachée. La piste d’un serial killer semble évidente. Mais le sergent Sean Duffy sait que les apparences sont souvent trompeuses, lui qui incarne un paradoxe en Ulster : il est flic et catholique."
 
J'ai beaucoup aimé le style de cet écrivain. Les personnages sont humains, crédibles. On se voit les suivre dans la ville, dans cette enquête. La plongée au sein d'une Irlande du Nord en pleine crise était un pari intéressant. Mais de circonvolutions en  révolutions, l'auteur m'a finalement lassée et perdue. C'est dommage car je pense que je suis passée à côté de quelque chose...
 
 
 
 
 
 
Enfin, j'ai attaqué "Quatre racines blanches" de Jacques Saussey. L'auteur nous emmène au Canada.Daniel Magne, officier de police à Paris, est en voyage professionnel au Québec. Il représente la France dans un congrès qui va se tenir à Montréal et qui rassemblera les polices des pays francophones. Seul témoin du meurtre d’un de ses collègues canadiens et de l’enlèvement d’une femme, il est sollicité par l’inspecteur-chef Anatole Lachance de la Sûreté du Québec pour l’aider à identifier les assassins. Peu après, le corps supplicié de l’inconnue est découvert à l’entrée de la réserve mohawk de Kanawaghe sur la rive du Saint-Laurent. Avec sa coéquipière et compagne Lisa Heslin qui l’a rejoint, Magne se lance dans une enquête hors juridiction particulièrement délicate et périlleuse. Sans le savoir, ils viennent de mettre les pieds sur le territoire de l'un des criminels les plus dangereux du Canada."
Ce qui tombe bien car j'aime bien ce pays. J'avais donc un a priori plutôt positif en entamant ma lecture. D'autant que le résumé de la quatrième de couverture n'était pas sans m'évoquer un roman de Fred Vargas ( sous les vents de Neptune). Regardez plutôt : "
Encore un petit coup de pouce pour la lecture de ce roman. Seulement, les a priori peuvent jouer dans les deux sens et se retourner contre l'auteur dont on attend dès lors beaucoup.
Jacques Saussey s'en sort très bien face à ce challenge. Ses personnages sont sympathiques sans être caricaturaux. L'intrigue est très bien menée et je n'ai éprouvé aucune lassitude dans ma lecture. J'ai beaucoup aimé cette plongée dans le quotidien d'un Québec inhabituel où les gangs s'opposent et où les indiens se déchirent dans un monde qui ne leur a laissé aucun espace de liberté. Un roman où les enquêteurs doivent aller à la rencontre de l'autre et de soi-même ce qui lui confère un petit côté initiatique nullement désagréable. J'avais enfin mon lauréat :-)
 
 

dimanche 6 juillet 2014

Faites un voyage extraordinaire @GlenatBD en compagnie de Noémie et Emilien !




J'avais envie de changer un peu le style de mes lectures BD du moment et la couverture du "Voyage extraordinaire" de Filippi et Camboni m'a fait de l'œil.




Les articles de Plume de Cajou au sujet de la littérature Steam-Punk ont également joué leur rôle. Je ne me voyais pourtant pas me lancer dans ce genre avec un roman ( aucun ne m'attirait, il me faut l'avouer) mais avec une BD... Pourquoi pas?


Et bien, j'ai bien fait!



Le "voyage extraordinaire" est une très chouette BD. Il y a de l'action, des rebondissements, des surprises, des détournements, des clins d'œil. Certes, le dessin n'est pas toujours égal en terme de qualité ( enfin, je trouve) surtout en ce qui concerne le dessin des personnages mais par contre les décors sont à couper le souffle!


L'histoire est sympa : dans une Angleterre tourmentée par la guerre ( nous sommes en 1927, premier détournement), deux enfants attendent leurs parents dans un internat en menant à bien leurs expériences au grand dam du directeur. Aussi, quand on lui annonce que les deux garnements partent en vacances dans leur famille se sent-il relativement soulagé.
Pour Noémie, c'est l'occasion de retrouver des parents avec lesquels elle n'a pas eu de contacts pendant trop longtemps. Pour Emilien, c'est le moment d'apprendre que son père a disparu.
En compagnie d'une préceptrice bien mignonne et surtout particulièrement dégourdie, les deux enfants vont se lancer dans l'enquête en s'inscrivant au concours Jules Verne. Mais l'inscription ne sera pas le plus difficile. Car la troisième force cherche visiblement aussi à mettre la main sur le père d'Emilien. Et elle dispose de redoutables robots pour mener à bien sa quête. Heureusement, les enfants ne manquent pas de ressources pour affronter les dangers qui les menacent. Et puis, eux aussi ont leurs alliés. Enfin, du moins le croit-on...

Trois albums ont déjà été publiés et je les ai lus avec un égal bonheur...
 


samedi 5 juillet 2014

Concept : Le jeu à ne pas manquer

Mon homme, toujours en veine de me dérider le pauvre, a déniché un petit bijou qui occupe à présent régulièrement nos soirées, entre amoureux ou entre amis.
Il s'agit de CONCEPT.

Quelle est l'idée?
Tout repose sur un moyen de communication inédit : il faut faire découvrir une idée, un titre, une citation à vos amis au moyen de symboles.
Sans parler.
C'est génial!
Au départ, quand on entend les explications des règles, on doute. On se demande où l'on veut en venir. Et puis on essaie.
Et on se retrouve une heure plus tard sans avoir vu le temps passer, à se creuser les méninges pour trouver LA solution à l'énigme proposée.
Ce qui est d'autant plus génial, c'est que le matériel est archi simple : un plateau avec des dessins. Des points d'interrogation et d'exclamation de couleurs différentes et des petits pions carrés dans les mêmes couleurs.
Il ne reste plus qu'à jouer avec les dessins pour décomposer le message à faire deviner.
Retenez bien ce nom car c'est à coup sûr un jeu qui marquera les esprits. La preuve ? Il a été nommé Spiel des jahres en Allemagne et jeu de l'année en France. Excusez du peu :-)
Merci Repos Production!

Douce nuit, maudite nuit ~ Seth Grahame-Smith

" Le Spectre d'Antioche, le cauchemar de Judée, l'épine dans le pied d'Hérode? Balthazar s'est vu attribuer bien des surnoms, alors qu'en vérité, il n'est qu'un voleur un peu plus ambitieux et un peu plus chanceux que les autres. Cette fois, pourtant, trop d'ambition et trop peu de chance l'ont mené directement dans les cachots de Jérusalem, où il rencontre Gaspard et Melchior, deux bandits de grand chemin qui doivent eux aussi être exécutés au matin. Mais Balthazar a un plan. Un plan qui finira par les conduire à Bethléem dans une certaine étable, où se cache une certaine famille, alors que brille dans le ciel une certaine étoile? Oubliez tout ce que vous croyiez connaître sur la Nativité et laissez-vous embarquer pour une grande aventure pleine de bruit et de fureur à travers la Judée de l'an 1 !"
 
 
Remporté lors d'un concours organisé par les éditions J'ai lu ( que je remercie encore, d'ailleurs), je suis restée un peu dubitative devant ce résumé. Qu'allais-je bien pouvoir découvrir en lisant cet ouvrage?
Eh bien, Seth Grahame-Smith est parvenu à me réconcilier avec l'histoire biblique! Croyez-le ou pas mais je me suis plongée dans ce livre comme dans un véritable bain de jouvence. C'est bien écrit, c'est très prenant. C'est souvent drôle. C'est parfois barbare et cruel. Bref, il y a absolument tous les ingrédients nécessaires pour que la magie opère.
En tout cas, avec moi, ça a très bien fonctionné!

Le premier oublié ~ @CYRILMASSAROTTO


Voilà encore un livre qui traînait sur mon étagère depuis un bon moment sans que je trouve le temps de le lire. Toujours dans un besoin de fuir les polars imposés par le PLLP et ma qualité de jurée consciencieuse, j'ai plongé sans hésiter sur "Le premier oublié" de Cyril Massarotto et je l'ai dévoré en quelques heures.
" Depuis quelques mois déjà, Madeleine oublie. Oh, des petites choses, rien de bien inquiétant. Jusqu'au jour où elle s'aperçoit qu'elle a oublié le nom de son mari. C est Thomas, son fils, qui lui apprend que son époux est mort, il y a près d un an. Le diagnostic tombe : sa mère est atteinte d Alzheimer."
Terrible histoire que celle de Thomas qui prend soin de sa maman et qui nous confie ses peurs, ses inquiétudes face à cette terrible maladie qui ronge le cerveau de celle qui l'a mis au monde. Qui nous confie également à quel point la mort de son père un an plus tôt l'a profondément blessé et laissé comme orphelin.
 
Terrible histoire que celle de Madeleine qui se voit perdre doucement perdre contact avec la réalité.
Cyril Massarotto réussit l'exploit de parler d'un sujet délicat avec finesse et pudeur. Sans jamais tomber dans le pathos ou le larmoyant.
J'ai aimé les personnages et la construction du récit autour des voix de Thomas et de Madeleine, une construction qui apporte une forme de suspens et nous donne des réponses à la fin, des réponses pleines de poésie.
 
Un livre profondément émouvant qui m'a laissée au bord des larmes. Et que j'ai aussitôt confié à une collègue qui se trouvait près de moi à la fin de ma lecture et qui a eu envie de découvrir cette perle.
Une perle que je compte mettre entre les mains de mes élèves dès la rentrée de septembre.

Miss Peregrine et les enfants particuliers ~ Ransom Riggs

Encore un livre à déguster tant pour son contenu romanesque que pour ses illustrations! Ransom Riggs est parvenu à m'accrocher à cette histoire sur laquelle je lorgnais depuis un bon moment sans
me décider à franchir le pas de l'achat. Je ne savais pas trop quoi à m'attendre. S'agissait-il d'un roman accessible uniquement aux jeunes enfants? Pas du tout, je dirai même qu'il faut être un bon lecteur pour comprendre toutes les finesses de l'intrigue qui mélange réalité et univers fantastique, et où les horreurs de la seconde guerre mondiale jouxtent un monde où les monstres sont réels mais pas ceux que l'on pense. Et c'est là la force de ce bouquin : le lecteur est persuadé qu'une explication rationnelle va venir tout clarifier, va corriger le tir de ces récits étranges et fascinants racontés par un grand-père un peu dérangé. On soutient le héros, Jacob ( un prénom visiblement à la mode dans les romans jeunesse), dans son désir de rallier le clan de ceux qui sont de plain-pied dans le vrai monde. Et qui dénigrent, voire méprisent l'aïeul pour ses propos délirants.
On souffre avec lui lorsque ses repères tombent avec la disparition tragique de ce personnage haut en couleurs.
Et on attend le dénouement avec impatience.
 
Etes-vous prêts à rencontrer les enfants particuliers?

Reckless ~ @CorneliaFunke

Avec tous ces polars rendus obligatoires par la participation au PLLP, je me sens parfois écœurée et j'éprouve le besoin de vadrouiller vers d'autres rivages littéraires. C'est ainsi que je me suis plongée dans "Reckless".
Toujours à la recherche de bouquins susceptibles de plaire à mes élèves, je suis tombée sur le résumé
plus qu'appétissant de l'ouvrage. Et comme je savais l'auteure digne de confiance pour avoir lu " Cœur d'encre", je n'ai plus trop hésité. Surtout en voyant la couverture. Je dis Waouw ! Et c'était sans avoir vu les illustrations à l'intérieur du livre. Là encore, je dis waouw!
Je suis décidément de plus en plus sensible à ces images qui viennent soutenir la lecture. Le livre devient un véritable objet artistique qu'il me parait bon de défendre. Je le crie donc haut et fort : lisez Reckless!
 
" En découvrant un monde extraordinaire derrière le miroir de leur appartement new-yorkais, Jacob Reckless pensait avoir trouvé la liberté. Mais cet univers fascinant est aussi dangereux et, un jour, Will, son jeune frère, déjoue la vigilance de Jacob et le suit à travers le miroir. Victime d'un maléfice, il se transforme en monstre, brisant ainsi le cœur de celle qu'il aime... Reckless n'a que deux jours pour le sauver !"
C'est bien écrit, c'est prenant, c'est joli.
Que demander de plus?
De l'aventure?
Le livre en regorge.
De la magie?
Elle vous brûlera les doigts dès que vous aurez tourné la première page!
Des personnages attachants?
Attendez donc de rencontrer Jacob et la renarde. Et de savoir ce qu'il advient quand on boit de l'eau d'alouette... :-)
 
Je vous envie si vous n'avez pas encore croisé le chemin de cet univers. Vous avez encore tout à découvrir!
 

@livredepoche : PLLP - La sélection du mois de juin

Cocorico! Je peux clamer que cette fois-ci, mes lectures se sont révélées positives! Contrairement à mon dernier article, je ne vous présenterai pas mes lectures dans leur ordre chronologique mais par ordre de préférence.

" Le sable était brûlant" de Roger Smith est un thriller habile où l'on suit Robert Dell dans sa quête pour venger le meurtre de sa femme et de ses enfants et pour prouver son innocence. " Commence alors une traque infernale à travers une Afrique du Sud où la violence côtoie la misère et l'archaïsme tribal." Dans son périple, il croise des personnages peu reluisants comme Inja Mazibuko ou son propre père mais aussi d'autres destins chaotiques : celui de Sunday promise à un mariage avec l'assassin de ses parents ou encore celui de Disaster Zondi qui hésite entre la voie de la facilité ou le combat pour le bien.
 
J'ai trouvé que le roman était intéressant mais terriblement lent, avec des méandres dans lesquels je me suis parfois perdue. C'est d'autant plus dommage que l'auteur montre une Afrique du Sud rongée par la corruption et les superstitions, un visage que l'on pourrait croire anachronique mais qui, je le pense, révèle combien les êtres humains peuvent osciller entre modernité et traditions dangereuses. Un roman dur pour le moral.
 
 
"Amy et Nick forment en apparence un couple modèle. Victimes de la crise financière, ils ont quitté
Manhattan pour s'installer dans le Missouri. Un jour, Amy disparaît et leur maison est saccagée. L'enquête policière prend vite une tournure inattendue : petits secrets entre époux et trahisons sans importance de la vie conjugale font de Nick le suspect idéal. Alors qu'il essaie lui aussi de retrouver Amy, il découvre qu'elle dissimulait beaucoup de choses, certaines sans gravité, d'autres plus inquiétantes."
"Les apparences" de Gillian Flynn est construit autour de deux voix : celle d'Amy et celle de Nick. C'est à la fois la force et la faiblesse de ce roman. Une force car le lecteur est amené à se forger son opinion des deux personnages à travers ce qu'il découvre au fil des chapitres. Une force car cette construction nous oblige à repenser notre position en permanence. Gillian Flynn s'amuse à nous mener par le bout du nez et elle excelle dans ce petit jeu.
Une faiblesse néanmoins car j'ai trouvé que le jeu durait longtemps. Il y a toute une partie de l'histoire que j'ai trouvée lente et décousue.
Ce qui sauve le roman est la fin. L'auteur a su éviter les pièges d'une fin conventionnelle. En cela, je comprends le choix des jurés qui ont massivement voté pour lui.
 
Je lui ai pourtant préféré " Les fantômes du Delta" d'Aurélien Molas. Cette brique de presque 600 pages m'a tenue en haleine tout du long car l'auteur parvient à ne pas lasser et à tenir en haleine son lecteur jusqu'à la fin du récit. L'intrigue est originale, redoutable et conjugue les apports historico-politiques et les idées romanesques avec brio.
J'ai adoré suivre " Benjamin Dufrais et sa collègue Megan, membres de Médecins sans frontières, [qui] tentent de lutter contre la malnutrition et d’aider les réfugiés. Mais ils se retrouvent pris dans la tourmente d’intérêts géopolitiques qui les dépassent. L’enjeu ? Une fillette dont l’ADN peut changer le monde. Chacun veut mettre la main dessus. Face au cynisme des multinationales, que pèsent les idéaux de deux médecins humanitaires bien décidés à ne pas les laisser faire ?"
 
Je ne peux que vous encourager à lire ce récit qui vous entraînera sur les berges du delta où la duplicité de certains lutte avec la générosité et le dévouement d'autres.
Mon vote s'est aussi porté sur Molas car je voulais mettre en avant cet ouvrage, persuadée que les jurés privilégieraient Gillian Flynn, largement encensée par la critique.
 
 

@livredepoche : PLLP les romans du mois de mai

La sélection du mois de mai ne m'a pas vraiment séduite, force m'est de le reconnaître et j'ai voté plus par obligation que par réelle motivation cette fois-ci.

J'ai commencé par "Flic ou caillera" de Rachid Santaki parce que j'avais un terrible a priori le concernant et que je souhaitais en "finir" au plus vite. La raison de cet a priori? La couverture et sa
mention aguicheuse et prétentieuse au sujet de l'auteur considéré comme "le Victor Hugo du ghetto". Voilà le genre de déclaration que j'ai en horreur et rien que cela m'aurait empêchée d'acheter le roman. Cependant, je me suis engagée à lire tous les livres sélectionnés et j'ai donc pris mon courage à deux mains. Et je dois avouer que l'auteur - même s'il est très loin de Victor Hugo - possède une indéniable qualité quant il s'agit de construire une intrigue et un personnage. J'ai vraiment eu envie de comprendre la situation vécue par les protagonistes et j'ai tourné les pages de plus en plus vite pour découvrir ce qui allait leur arriver.

Medhi Bassi voudrait échapper au clan Bessama, caïds locaux de la drogue tandis que Najet, "flic et beurette" se bat avec ses origines". Ce sont des personnages attachants, tout au moins celui de Medhi que l'on voit lutter de toutes ses forces pour ne pas suivre le même chemin que celui de son frère.
Malheureusement, si j'ai tourné les pages de plus en plus vite, ce n'est pas seulement pour savoir ce qui va advenir des deux héros, c'est aussi parce que j'ai détesté le style employé pour raconter cette histoire. Le recours au verlan et à la grossièreté - sans doute révélatrice du milieu des cités - m'ont obligée à utiliser le glossaire sans trouver toujours la réponse à mes questions linguistiques. Ce langage, s'il se veut le reflet de la réalité, présente à mes yeux un double inconvénient : celui de ralentir la lecture et celui de stigmatiser le quartier des cités et donc de creuser davantage le fossé entre ceux qui en sont et ceux qui n'en sont pas.
 
Quoi qu'il en soit, ce choix a fini par me lasser et par gâcher complètement mon plaisir. 
 
Pour me changer un peu les idées, je me suis ensuite tournée vers "Désordre" de P. Hancock parce que son résumé m'assurait d'un univers radicalement différent : "Sonia, la quarantaine, mène une vie
solitaire dans sa jolie maison des bords de la Tamise. Son mari est souvent en déplacement et Kit, leur fille, est partie pour l'université. Lorsque Jez, 15 ans, le neveu de son amie Helen, frappe à sa porte pour lui emprunter un disque, Sonia, prise d'une pulsion inexplicable et obsédée par les réminiscences de sa jeunesse, décide de ne plus le laisser partir."
 
P. Hancock a su utiliser avec beaucoup d'efficacité la proximité de la Tamise pour élaborer son roman et surtout créer une atmosphère bien particulière. La psychologie des personnages baigne dans les brumes malsaines du non-dit. Sonia parvient à se rendre émouvante malgré la folie dans laquelle elle s'enlise sans cesse de plus en plus profondément et le lecteur est entraîné malgré lui dans les méandres de son esprit torturé par les souvenirs d'un amour de jeunesse et par la morosité de son quotidien. La romancière tire sur le fil de son intrigue et le lecteur se demande avec angoisse quand la tension deviendra à ce point insupportable qu'il finira par se rompre, enfin, dans une sorte de soulagement.
Cependant si le roman est bien mené, je ne suis pas une fervente des ambiances glauques et je me suis un peu embêtée.
 
J'ai terminé mon périple avec "une balade dans la nuit" de G. Pelecanos. J'y ai suivi Spero Lucas. "Ancien militaire qui à son retour d'Irak s'est reconverti en enquêteur. Il travaille pour un avocat qui le met en contact avec un client qui, depuis sa prison, gère son trafic de drogue. Ce dernier demande à Spero de retrouver des colis disparus."
Si j'écarte l'étrangeté du point de départ qui repose sur un non-respect total de la loi, j'ai apprécié ce récit. Vif, rapide et efficace, Pelecanos sait entraîner rapidement son lecteur sur les traces de ses personnages ( ouf!). Tout est là pour passer un bon moment de lecture : Spero est un vrai personnage, même si certains clichés lui collent à la peau. Des clichés qui font qu "une balade dans la nuit" rappelle d'autres livres du même genre. Raison pour laquelle je n'ai pas voté pour lui. Mais à défaut d'originalité, cela reste incontestablement un roman agréable à découvrir pour votre été.