mardi 12 février 2013

les vacances d'un serial killer - Nadine Monfils

" Ce livre est un vrai régal, jamais vulgaire, toujours drôle, inventif" nous promet une critique sur la 4ème de couverture.
Autant le dire tout de suite, je ne suis ABSOLUMENT pas d'accord avec cette affirmation. Je n'ai pas ri, je n'ai pas aimé les personnages, je n'ai pas accroché au récit. C'est d'autant plus regrettable que les idées sont originales: un couple de belges très caricaturaux partent en vacances à la mer du Nord. Dans leur bagage, les deux adolescents glandeurs et une caravane dans laquelle se promène la grand-mère voyoute et culottée.
La pension est minable et les déconvenues vont bon train.
Voilà pour la trame de base. L'auteur a glissé des belgicismes un peu partout ( avec les sous-titres pour nos amis français) ce qui m'a fait sourire les deux premières pages. Ensuite?
Et bien, la sauce n'a pas pris.
C'était trop.
Trop grossier.
Trop caricatural.
Trop "inventif" pour moi.
Je ne peux donc que déconseiller la lecture de ce bouquin qui me laisse affreusement déçue :-(
 
Je vous mets quand même un extrait ( au début, là où j'ai souri...) :
 
"Surpris, Alfonse a un mouvement brusque. La voiture fait une embardée et termie sa course sur le bas-côté. Josette est projetée en avant et se retrouve avec son abat-jour enfoncé sur la tête. Elle a la lèvre fendue, du sang pisse sur les pâquerettes de sa robe qui se transforment en coquelicots. Fumasse, Alfonse ne se soucie que de sa caisse, son joyau, sa fierté! D'un bond, il sort de sa bagnole et l'examine méticuleusement en jurant ses tripes.
- Putain de putain de putain!
- Chauffard! s'écrie la mémé par la fenêtre.
- Oh vous, la ferme, hein! gueule son beau-fils hors de lui.
Secouée, la vieille décide de s'en jeter un petit coup derrière le lampion, histoire de se remettre de ses émotions.
- Oh nooon, gémit Josette en se regardant dans le rétroviseur, je suis toute défigurée et ma robe est foutue!"
 

lundi 11 février 2013

Le passeur du temps - Mitch Albom

"Il a les cheveux longs, une barbe qui descend jusqu'aux genoux. Il a le menton posé au creux des mains. Il ferme les yeux. Il écoute. Des voix. Des voix sans fin. Elles montent d'un bassin dans le fond de la caverne. Ce sont les voix des gens sur Terre. Elles ne veulent qu'une chose. Le Temps."
 
Dor vit à une époque lointaine, aux balbutiements de l'humanité. Et la question du temps le fascine. Il cherche à le mesurer en tenant compte du soleil, de la lune, de l'eau ou du sable. Cela le fascine tellement qu'il en oublie le plus important.
En punition, il va devoir vivre enfermé dans une caverne à écouter les gens pleurer sur cette notion maudite et qui leur coule entre les mains sans aucun moyen de la retenir.
 
Mitch Albom est un vrai conteur. Le lecteur est aspiré dans les pages du livre et s'attache aux personnages et au thème, subtilement développé.
 
Surtout, ce livre m'a fait réfléchir à ce temps derrière lequel on court et qui nous fait perdre de vue l'essentiel. Amusante coïncidence, les cahiers "science et vie" du mois de janvier est consacré à l'invention du temps et à la manière dont il est conçu par les philosophes ou les physiciens, et l'histoire de sa mesure. Deux lectures qui apportent leur lot de réflexions et qui méritent que l'on s'arrête un peu...
 
 
 
 
 

La dame du manoir de Wildfell Hall - Anne Brontë

" - Je voulais vous rapporter ce que j'ai appris chez elle, reprit Rose. J'en meurs d'envie depuis des heures! Vous savez tous qu'on raconte depuis des semaines que Wildfell Hall est sur le point de trouver un locataire, n'est-ce pas? Eh bien! Figurez-vous que le manoir est habité depuis plus d'une semaine! Et nous ne le savions même pas!"
 
 
J'avais lu Jane Eyre de Charlotte, les Hauts de Hurlevent d'Emily, il m'a donc semblé tout naturel de lire Anne dont j'ignorais tout jusqu'à présent.
La littérature féminine du XIXème siècle exerce sur moi une indéniable fascination. Qu'il s'agisse des soeurs Brontë ou de Jane Austen, j'aime ces ambiances surannées où les sentiments sont au coeur de chaque page, voire de chaque mot.
Ce livre ici ne fait pas exception. Une femme épouse un homme. Eperdûment éprise, elle va mettre du temps à découvrir les vices liés à l'alcool et au jeu, à l'irresponsabilité. Elle va fuir, se cacher, subir les ragots de la bonne société et faire la rencontre d'un jeune homme bien. Les éléments sont placés pour nous plonger dans les affres d'un amour impossible, d'un vertu indéfectible et de promesses éprouvantes.
J'ai tout aimé sauf les références permanentes à la religion, références particulièrement lourdes et que je ne me souviens pas avoir trouvées dans les autres oeuvres citées, en tout cas pas d'une manière aussi fatigante et répétitive. Tout le personnage de l'héroïne est résolument tourné vers Dieu, la vertu et les règles auxquelles nul ne doit déroger. Autant je savoure le climat de cette littérature, autant cette sagesse inébranlable m'a agacée.
Pour le reste, le livre est bien construit et facile à suivre. Et pour une fois, on ne se perd pas dans les personnages, pas trop nombreux.
En outre, j'ai bien aimé la double construction avec le point de vue du jeune homme puis le point de vue de la dame à travers la lecture de son journal intime. Cela relance l'intérêt du lecteur qui pourrait sinon faiblir au cours du récit...
 
 


jeudi 7 février 2013

Il n'y a pas que les shérifs qui portent une étoile - S. Rubin

Un coup de coeur pour cette histoire qui nous entraîne dans la seconde guerre mondiale à travers le regard de Jacques Poulain, âgé de 10 ans lorsque commence le récit.
Un récit qui sans sombrer dans le mélodrame donne à voir toutes les atrocités de la collaboration française pendant cet épisode sanglant de l'histoire.
Jacques va devoir traverser bien des épreuves pour sauver Myriam, son amie, sa soeur, son âme-soeur. Et dans ce parcours bouleversant, aucune réponse ne sera donnée au lecteur haletant que nous sommes devenus. C'est peut-être le seul reproche que l'on peut adresser au livre car il nous laisse sur un sentiment de frustration. Et je sais combien mes élèves détestent être frustrés de ce côté-là. N'empêche, c'est un livre que l'on retrouvera dans mon parcours lecture de l'année prochaine, dans la catégorie facile - historique.
 

-" Pourquoi? Qu'a-t-on fait de mal pour qu'on nous arrête? Nous ne sommes pas des criminels!"
 

Je suis un phénomène d'Elisabeth Atkinson

Publié aux édition Alice jeunesse, ce court roman de 227 pages a de quoi séduire même les plus récalcitrants.
Faye Noman ( prononcez Fé Nomen) mesure presqu'un mètre quatre-vingt pour ses 12 ans. Cette jeune adolescente se sent comme un éléphant dans un jeu de quilles. Solitaire, elle ne trouve sa place nulle part. Y compris auprès de sa mère, volage et inconstante. Heureusement, il y a Pénélope, sa meilleure amie. Sa seule amie.
Et puis il y a la boutique de perles où Faye se cache lorsque le monde devient trop fou pour elle.
Et puis, un jour, il y a aussi cette invitation destinée aux descendants de Boris Horace Noman. Une invitation qui va révéler à Faye qui elle est vraiment.
 
Une histoire fluide et simple, qui se dévore en un clin d'oeil et qui aborde avec subtilité le thème de la différence et du mal-être qui nous pousse tous un jour ou l'autre à nous demander ce que nous faisons-là...

" Je m'appelle Faye Noman. Ma mère a oublié de prononcer mon nom à voix haute à ma naissance. Mais est-ce mon nom qui me rend bizarre aux yeux des autres?"

Zodiaque, une série BD à ne pas rater

Parce qu'il n'y a pas que les romans! Un coup de coeur pour une nouvelle série de BD que je viens de découvrir : Zodiaque. Toutes les BD peuvent visiblement se lire indépendamment les unes des autres. Des médaillons offrent à leur propriétaire un pouvoir qui peut aussi bien être un don qu'une malédiction. Jusqu'à présent, j'en ai lu 4 et je les ai trouvées toutes bien dessinées et bien construites. A conseiller :-)

 

mercredi 6 février 2013

Kamo d'un côté, un cheval fantôme de l'autre

J'ai la chance d'avoir accepté de mener un atelier d'écriture avec des jeunes de 3ème primaire. Pour me préparer, je redécouvre la littérature jeunesse. Dans cette optique, j'ai lu avec beaucoup de bonheur : "l'évasion de Kamo" de D. Pennac et "Cheval fantôme" de Terri Farley.
Les deux livres sont très différents mais se lisent tous deux facilement sans que l'écriture en soit pour autant négligée.
Une construction de récit rigoureuse, des personnages attachants et crédibles. Bref, des livres à mettre dans les mains de nos jeunes sans aucune vergogne! Accessibles dès 9/10 ans mais agréables même pour des plus grands ( jusqu'à 14-15 ans, à mon avis).
 
"l'Evasion de Kamo" m'a permis de retrouver la plume exceptionnelle de D. Pennac ( le fabuleux auteur de la saga Malaussène) et de me réconcilier avec lui ( j'ai nettement moins aimé les derniers livres parus). Enfin un auteur qui écrit pour les jeunes sans les prendre pour des demeurés et qui n'hésite pas à utiliser un vocabulaire riche! Alléluia!!!
Kamo est seul avec son meilleur ami alors que sa mère est partie aux sources de ses origines. Un récit où l'on apprend qu'il faut dépasser ses peurs mais tenir compte de ses pressentiments. Un livre où l'on savoure l'amitié comme un fruit bien mûr.
 
"Cheval fantôme" s'adresse plutôt à un public féminin. Sam rentre chez elle après une longue absence suite à un grave accident de cheval. Le lecteur a l'occasion de suivre sa réintégration dans le milieu des cow-boy, et la remise en confiance avec les chevaux. Rien de surnaturel dans cette histoire, contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, juste une magnifique histoire d'amour de la nature, des animaux dans un milieu où le pire et le meilleur se côtoient en permanence.



L'homme qui regardait la nuit de G. Sinoué

"Grèce - Île de Patmos. Un homme regarde la nuit. Pourquoi ce chirurgien au faîte de la gloire a-t-il brusquement choisi l'exil? Que cache le silence farouche qu'il maitient sur son passé?"
 
Un livre qui répond à mon précédent article sur "l'éloge du voyage" puisque là aussi je m'étais aventurée en Grèce.
Mais si le pays m'a envoutée ce n'est malheureusement pas tout à fait le cas de Sinoué qui m'a un peu déçue avec ce récit simple.
Certes, l'écriture est belle. Mais moins que d'habitude.
Bien sûr, les personnages sont intéressants. Mais moins fouillés que dans d'autres romans que j'avais déjà lus de lui.
J'ai trouvé que c'était un livre de plage. Et, dans ma tête, ce n'est guère un compliment. "Lhomme qui regardait la nuit" trouve sa place à côté de Levy, de Musso, de ces auteurs qu'on lit en été, parce que c'est facile et qu'on ne doit pas trop réfléchir.
Alors oui, c'est bien écrit, c'est facile à lire, c'est écrit grand en plus dans cette édition Flammarion! Mais c'est un peu trop facile et trop gentil. Je n'ai en plus pas adhéré à la fin dont je ne dirai rien pour ne pas compromettre le plaisir de ceux qui s'aventureront malgré tout entre ces pages.
N'ai-je rien aimé?
Absolument pas.
La relation qui unit le chirurgien à son fils et son dénouement m'ont ravie. La construction en parallèle avec un premier et un dernier chapitre qui se répondent également. La présence de Jehol et ces passages qui ont fait écho avec ma propre expérience de l'équitation :
"Tu comprends[...], l'objectif de tout dresseur est de ne faire qu'un avec sa monture, jusqu'à ce que, comme dans un ballet, tu danses avec ton cheval. Sans besoin de mots. Rien qu'avec le coeur."
 
Donc oui, il y a de belles choses dans ce roman.
Mais j'ai le sentiment que G. sinoué s'est laissé aller à la simplicité et à une démarche purement commerciale, ce qui me donne le sentiment qu'il s'est payé ma tête de lectrice!

Eloge du voyage de Carine STAGE

En ces temps de grisailles, de froid et de pluie, rien ne vaut la perspective d'un voyage au soleil, de dépaysements et de rencontres nouvelles.
Et c'est à cela que nous invite Carine Stage dans son livre auto-publié "Eloge du voyage", livre qu'elle a eu la gentillesse de me prêter pour un aller simple vers le rêve et l'évasion.
 
Autant le reconnaître tout de suite, je ne suis pas habituellement lectrice de ce genre de choses. Mon truc, c'est le roman, la littérature de fiction.
Pourtant je me suis prêtée au jeu de la découverte et j'y ai pris plaisir. Bien sûr, en pinaillant un peu, on peut trouver quelques reproches à adresser à cet ouvrage : une construction parfois un peu confuse dans la première partie avec une chronologie étrange qui tient plus de la réminiscence que d'un travail de retrospection élaboré. Un manque d'images, de photos - mais ça, c'est vraiment subjectif puisque mon compagnon lui en aurait été perturbé - et un peu trop d'intime dans les souvenirs. Une intimité parfois tellement puissante que cela m'a empêchée de décoller pour partager, au lieu du voyage, les difficultés rencontrées par l'auteur.
Mais à côté de cela, Carine Stage est parvenue à m'entraîner dans des pays que je n'avais jamais visités. J'ai adoré les anecdotes de voyages (j'aurais aimé en lire davantage), j'ai eu envie de partir à l'aventure et de me glisser dans les bagages de cette globe-trotter.
Il y a la force de son écriture. Certains passages sont terriblement poétiques. D'autres, plus terre à terre, concrets et pragmatiques.
Et c'est là le principal atout de ce récit : l'alternance de rêve et de réalisme. D'ailleurs, la structure du livre traduit cette intention. En premier, le récit des voyages en second, un guide malin pour réfléchir à son voyage, le penser intelligemment, afin de choisir ce qui nous correspond le mieux à un moment de notre vie. Car comme le dit si bien l'auteure, certains âges se prêtent mieux à certaines destinations que d'autres.
Alors, si le désir de voguer vers d'autres cieux vous saisit soudain, je ne peux que vous encourager à vous procurer l"Eloge du voyage"...
Vous pouvez d'ailleurs consulter son site : http://elogeduvoyage-cstage.e-monsite.com/ pour vous le procurer.
Bonne lecture :-)